Au Niger, au moins 52 personnes sont mortes à la suite des inondations qui ont débuté en juin. La saison des pluies a été dévastatrice, jusque dans la capitale Niamey.
La saison des pluies au Niger est, chaque année, marquée par des événements tragiques. En 2020, au moins 70 personnes étaient décédées lors des inondations, et plus de 350 000 autres avaient été sinistrées. Cette année, à mi-course de la saison des pluies, le bilan délivré dimanche par les autorités locales montre la gravité de la situation : on dénombre au moins 52 morts et 34 blessés. Le bilan 2021 risque donc d’être plus important que l’année dernière. Outre les pertes en vies humaines, les dégâts matériels ont explosé cette année : plus de 4 000 habitations ont été détruites, 900 têtes de bétail ont été englouties par les eaux, sans oublier les écoles et les mosquées qui ont subi les caprices de la météo.
Pourtant dotée de bonnes infrastructures, la capitale Niamey n’a pas échappé au désastre : rien que dans la nuit du 10 au 11 août, 5 personnes sont mortes des suites des inondations. Les populations s’étonnent du manque de préparation de la part du gouvernement et dénoncent l’absence de fonds pour les forces de protection civile. Car chaque année, les pluies diluviennes s’abattent sur le Niger. Et chaque année, le pays compte ses morts et constate les dégâts. En 2020 l’Etat nigérien avait mis à disposition des moyens conséquents pour atténuer les risques, en adoptant un plan de rescousse de 600 millions de dollars. Cette année, la première de Mohamed Bazoum à la tête du pays, le Niger n’a pas pris la mesure des événements.
Un problème insoluble ?
Si on en croit les services de météorologie nationale, le gouvernement et ses « partenaires techniques » organisent, depuis plus de deux mois, l’assistance aux victimes. Mais cette dernière se résume à la distribution de vivres et de produits de première nécessité. Afin d’éviter l’effondrement du marché et la famine, le Niger, pourtant exportateur de produits agricoles, a accepté l’aide d’autres pays africains : l’Algérie, le Ghana, le Nigéria et le Bénin ont envoyé à de nombreuses reprises des aides alimentaires au gouvernement nigérien, notamment pendant le mois de ramadan. Face à la situation inquiétante, l’Etat nigérien semble totalement perdu. Si bien que la direction générale de la protection civile (DGPC) du ministère de l’Intérieur a lance des « appels à la solidarité ».
Une dépendance vis-à-vis des dons internationaux qui fait craindre le pire : les populations rurales, déjà confrontées au terrorisme, doivent, pendant la saison des pluies, qui s’étend généralement de juin à octobre, prendre leur mal en patience. Pendant cette période, des crues soudaines se produisent régulièrement. Elles rendent les routes impraticables et emportent des bâtiments. Les routes, y compris dans les centres urbains, sont souvent rendues impraticables en raison des pluies diluviennes, ce qui entrave les efforts d’intervention en cas de catastrophe ainsi que les déplacements par voie terrestre. Un défi sécuritaire que le gouvernement nigérien a bien du mal à relever. Et la conséquence est terrible : les communautés vulnérables, le long des principaux fleuves du Niger, sont paralysées. Et le manque de moyens déployés par les autorités laisse penser que, l’an prochain, l’histoire se répètera indéniablement.