En pleine pandémie de Covid-19, la République démocratique du Congo doit faire face à une recrudescence des cas d’Ebola et de peste. Une situation de plus en plus difficile à gérer.
En République démocratique du Congo, un virus peut en cacher un autre. Et même plusieurs. En pleine pandémie de coronavirus, en juillet dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) constatait, en RDC, « une recrudescence des cas de peste » dans la province de l’Ituri. Début février dernier, c’était au tour du virus Ebola de faire sa réapparition en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement en RDC et en Guinée.
Si Ebola revient en force dans cette zone du continent, c’est tout sauf une surprise. Pour un responsable de Médecins sans frontières (MSF), ce virus « ne pourra pas être éradiqué, car il existe dans la nature ». Son retour était donc « prévisible ». A la différence du coronavirus, Ebola n’est « pas très contagieux », précise l’ONG qui indique que « son taux de reproduction n’est que de 1,5, car il faut entrer en contact proche avec une personne infectée, en particulier avec ses fluides corporels ».
La RDC habituée à Ebola et à la peste
Et s’il n’était pas mortel, le virus ne serait, pour la République démocratique du Congo, qu’une formalité. La RDC en est en effet à sa douzième épidémie de cette maladie. Il existe, depuis 2019, un vaccin préqualifié par l’OMS. En cas de détection rapide d’Ebola, des anticorps monoclonaux existent également. De quoi prédire une bonne gestion du virus dans une RDC qui a mis en place un système de surveillance plus efficace qu’auparavant.
Pour la peste, en revanche, la gestion est plus difficile. L’est de la RDC est propice au développement de cette maladie. Il s’agit en effet d’« une zone où la peste ressurgit fréquemment et de manière imprévisible », explique le Dr Laudisoit, épidémiologiste au sein de l’ONG américaine Ecohealth Alliance. Et les pestes ont toutes leurs spécificités : pulmonaire, septicémique ou bubonique… La riposte doit s’adapter à tous les types de pestes. La RDC a déjà enregistré plus d’une trentaine de décès, alors que plus de 500 cas de peste ont été détectés depuis la réapparition de la maladie en novembre dernier. Une maladie que la RDC connaît depuis près d’un siècle.
Un système de santé consacré à la lutte contre la Covid-19
La République démocratique du Congo est donc habituée aussi bien aux épidémies d’Ebola qu’à la peste. Mais l’arrivée de la Covid-19 il y a un an a changé la donne. La lutte contre le coronavirus affaiblit la riposte contre Ebola et la peste. D’abord parce que le monde a les yeux rivés sur la Covid-19 et laisse peu de place à une prévention contre les autres maladies. La RDC a connu, il y a un an, une grosse épidémie de rougeole, comme le Tchad et la République centrafricaine. Une épidémie passée totalement inaperçue. Ensuite, parce que le système de santé est déjà organisé pour gérer la pandémie de coronavirus.