Des capitales surpeuplées et le réchauffement climatique accentuent la crise de l’eau en Afrique, rappellent les ONG en cette Journée mondiale de l’eau.
« D’ici à 2030, il manquera à l’humanité 40 % de l’eau dont elle aura alors besoin », explique l’Organisation des Nations unies. L’Afrique, évidemment, ne sera pas épargnée. Aujourd’hui déjà, l’eau est un enjeu majeur sur le continent, notamment parce qu’il inquiète les populations qui craignent pour leurs enfants. Au Nigeria par exemple, un enfant sur trois manque d’eau aujourd’hui. Le pessimisme est donc au rendez-vous en ce qui concerne l’avenir.
Une explosion du nombre d’habitants dans les métropoles africaines menace depuis de nombreuses années l’approvisionnement en eau de ces villes, ainsi que des zones rurales qui se retrouvent de facto assoiffées. A la fin de chaque saison sèche, la file interminable des habitants de certaines villes devant les robinets publics témoigne de l’infrastructure décadente dans de nombreuses zones urbaines.
En cette journée mondiale de l’eau, voilà une occasion de rappeler à quel point l’accès à l’eau devrait être un droit élémentaire. L’ONU considère qu’une vingtaine de litres d’eau par habitant par jour est le strict minimum. Cependant, les minima mondiaux ne sont qu’un rêve dans des pays comme le Ghana, la Guinée ou même l’Afrique du Sud.
Une crise accélérée par plusieurs facteurs
Le réchauffement climatique aggrave une pénurie déjà en partie due à l’explosion démographique et au manque d’investissements dans la modernisation et le renforcement des réseaux d’eau existants. La croissance urbaine a considérablement augmenté les besoins en eau, non seulement pour étancher la soif des gens, mais aussi pour garantir les productions agricole et industrielle.
En Afrique du Sud, l’un des pays les plus touchés par la crise de l’eau, on estime que plus d’un tiers des ressources en eau sont gaspillées à cause des déchets d’usines. Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest comme le Bénin et le Ghana, les pourcentages du gaspillage atteignent respectivement 39 % et 53 % des réserves totale d’eau.
La fragilité des infrastructures est la troisième raison à cette crise africaine. Les inondations et les glissements de terrain sont de plus en plus fréquents et provoquent d’importants dégâts. Les inondations qui ont frappé les capitales des deux Congo, Brazzaville et Kinshasa, il y a à peine une semaine, ont fait 27 victimes et provoqué l’effondrement d’un pont.
L’imperméabilisation de la terre à cause de la pollution, la déforestation et l’absence de collecte adéquate des déchets pour éviter les blocages des égouts et des lits de rivières augmentent les risques d’effondrement de l’infrastructure hydraulique.
Des solutions intermédiaires
Dans les zones urbaines, les gouvernements ont fourni aux populations des robinets publics. Une solution tampon. Les réservoirs en plastique des habitants pour accumuler les stocks d’eau de pluie ne comblent pas le déficit. Et bien que 38 pays africains aient investi dans la cartographie numérique afin d’identifier les infrastructures fragiles et lutter contre le gaspillage et les connexions non autorisées, les statistiques sont peu encourageantes.
86% des Nigérians n’ont accès qu’à de l’eau contaminée, au mieux. En République démocratique du Congo, l’un des pays plus riches en nappes phréatiques au monde, en comparaison du nombre d’habitants, 28 % de la population n’a pas accès à l’eau potable. En Afrique du Sud, malgré les solutions rudimentaires dans les régions rurales, comme les collecteurs bricolés et attelés aux canalisations, la disponibilité fluctuante de l’eau a conduit à d’énormes migrations et au déclin de la population rurale. En somme, la situation ne s’arrange pas.
Le représentant de l’Unicef au Nigeria, Peter Hawkins, déclare à TV5monde : « Lorsque les inondations frappent, les enfants sont victimes de maladies d’origine hydrique. Et lorsque l’eau n’est pas disponible, les enfants ne peuvent pas se laver les mains pour se protéger des maladies ». Selon lui, « la crise mondiale de l’eau est déjà là, et les enfants en sont les premières victimes ».