En difficulté, la compagnie aérienne Tunisair, détenue à 75 % par l’Etat, doit faire face à des créanciers impatients et à des salariés inquiets.
Il faut sauver le soldat Tunisair. Voilà, en quelques mots, la mission assignée à Olfa Hamdi. La nouvelle patronne de la compagnie aérienne est arrivée en plein marasme : avec un déficit de plus de 300 millions d’euros en 2019, à peine une dizaine d’avions en état de voler sur les 28 dont dispose la compagnie et une pandémie qui a fragilisé le secteur aérien mondial, la PDG a du pain sur la planche.
Olfa Hamdi était sans doute loin de savoir ce qui l’attendait. Ce vendredi 19 février, la Tunisienne n’a pu que constater les dégâts : TAV Tunisie, la filiale du groupe turc TAV Airports qui gère les aéroports d’Enfidha-Hammamet et de Monastir, a réclamé son dû à Tunisair. 20 millions d’euros impayés.
La veille, la branche tunisienne de TAV avait annoncé, malgré les négociations en cours, la saisie conservatoire de 8 millions d’euros sur le compte de la compagnie aérienne, au titre de « recouvrement partiel » de la dette totale. Le ministre des Transports a dû rencontrer les représentants du groupe turc pour évoquer un échelonnement de la dette. Un accord a enfin été trouvé dans l’après-midi.
La menace d’une grève fait plier le gouvernement
Et comme si cela ne suffisait pas, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le premier syndicat tunisien, est entrée dans la danse avec l’annonce d’une grève. Un mouvement qui devait totalement paralyser le ciel aérien tunisien s’il avait été maintenu. Désemparés, les salariés de Tunisair voulaient ainsi alerter l’Etat sur l’urgence de réformer la compagnie aérienne.
Avec une chute de 70 % de ses revenus en 2020, l’entreprise coule année après année. L’UGTT demande au gouvernement un plan de sauvetage urgent. La saisie opérée par TAV Tunisie sur les comptes de Tunisiair n’a pas aidé à rassurer les employés de la Gazelle. Avec son déficit abyssal, Tunisair a du mal à régler ses salaires. Les employés de Tunisair Catering, une filiale de la compagnie, attendent toujours leurs émoluments du mois de janvier.
Le porte-parole de l’UGTT, Ghassen Ksibi, a finalement appelé à la reprise du travail. Selon le syndicat, un accord a été conclu avec le gouvernement et une réunion se tiendra entre le gouvernement et l’UGTT. Au menu de la rencontre, un point sur la situation de la compagnie aérienne et de ses dettes. Des discussions, mais pas de solution. Tunisair se dirige petit à petit vers un crash de grande ampleur.