L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, vient d’annoncer le ministre algérien des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse ce mardi.
La décision était prévue, mais pas forcément dans ces délais. Après plusieurs mois de tensions, parfois très vives, l’Algérie vient tout juste d’annoncer la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc. Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires Etrangères, a lu ce mardi soir une déclaration au nom du président Abdelmadjid Tebboune. Dans cette déclaration, l’Etat algérien liste les raisons qui l’ont porté à prendre cette décision radicale.
Depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité algérien, le président avait annoncé dans un communiqué vouloir « revoir les relations avec le Maroc ». Le 23 août, les membres du Conseil de sécurité avaient, entre autres, délibéré à propos des rapports sécuritaires concernant les incendies qui avaient ravagé l’est algérien depuis mi-août.
Les incendies, pouvait-on lire dans ces rapports, avaient été provoqués par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et le parti islamo-conservateur Rachad. Alger reproche un supposé soutien marocain à ces deux organisations. Malgré les appels préalables du roi marocain Mohamed VI à l’apaisement des tensions entre Rabat et Alger, Ramtane Lamamra indique que, « en tout état de cause, l’Algérie refuse la logique du fait accompli ».
L’Etat algérien accuse le Maroc, outre l’éventuel soutien au MAK et à Rachad, d’être à l’origine de l’impasse dans les relations au sein de l’Union du Maghreb arabe (UMA), et surtout, d’avoir offert une tribune au ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid. Ce dernier avait profité de sa première visite officielle au Maroc pour attaquer l’Algérie.
La déclaration israélienne de trop
Alors que l’Algérie est à la tête d’un front diplomatique africain qui demande l’annulation de la décision de l’Union africaine (UA) d’octroyer le statut d’observateur à Israël, le Maroc, lui, accueille la diplomatie israélienne à bras ouverts. En l’occurrence, lors de la visite de Yaïr Lapid au Maroc, le 12 août, ce dernier a expliqué que le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et lui-même étaient « inquiets au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine ».
Une énième provocation qui est mal passée. Pas plus tard que le 13 juillet dernier, l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilale, avait distribué une carte sur laquelle l’Algérie était amputée de la Kabylie. Trois jours plus tard, le chef du MAK, qui vit en France, Farhat Mehenni, a annoncé qu’il travaillait « avec le Maroc pour ouvrir une ambassade » en Kabylie. Le 18 juillet, Alger a fini par rappeler son ambassadeur à Rabat. Ce sont finalement les incendies ravageurs, causés notamment par le MAK dans l’est algérien, qui ont fini de faire basculer les choses.
Même si les relations entre les deux pays voisins sont hostiles depuis bien longtemps, la rupture des relations diplomatiques est une décision draconienne. Il faut dire que l’Algérie ne fait généralement pas de concessions lorsqu’il s’agit de la cause palestinienne ou de sa propre souveraineté. Ramtane Lamamra avait d’ailleurs rappelé que l’espionnage marocain en Algérie – à propos de l’affaire « projet Pegasus » – serait une problème insoluble.