En réaction au bombardement de l’armée éthiopienne à Togoga, où sont tombés plus de 64 civils tigréens, le FLPT a pris d’assaut la capitale de la région Mekele. Depuis hier, la capitale du Tigré est sous le contrôle du FLPT, et le gouvernement appelle à un cessez-le-feu.
Un assaut surprenant du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) a eu lieu ce lundi. Le chef-lieu du Tigré, envahi par l’armée fédérale de l’Ethiopie depuis novembre, a été repris par les forces indépendantistes. Cette offensive, considérée désespérée, intervient quelques jours après le bombardement du marché de Togoga. Un massacre de civils a poussé à bout les membres du FLPT. Ces derniers sont considérés comme des terroristes par le gouvernement d’Abiy Ahmed.
Depuis le début de la guerre en novembre 2020, les forces éthiopiennes ont multiplié les crimes de guerre au Tigré. La région au Nord de l’Ethiopie réclame son indépendance depuis des décennies. Et le FLPT, qui était le parti au pouvoir en Ethiopie depuis 1977, a été accusé d’attaques sur des positions de l’armée fédérale.
Or, les forces armées éthiopiennes se sont appuyées sur une armée ethnocentrée de la région d’Amhara. Donnant libre cours à des milliers de crimes contre l’humanité sur les civils de l’ethnie tigré. Ensuite, l’intervention des troupes érythréennes a envenimé la crise. Puis, plus récemment, la Somalie a envoyé sa propre armée pour écraser le FLPT et les civils du Nord éthiopien.
En 24 heures la situation militaire a basculé à Mekele, capitale du Tigré : les combattants tigréens du TPLF ont repris la ville désertée par l'armée éthiopienne qui a décrêté un cessez-le-feu unilatéral. Un revers majeur pour le PM 🇪🇹 Abiy Ahmed. https://t.co/kCrrMBJufc pic.twitter.com/EiA2m475X3
— Camille Magnard (@PresseEtrangeFC) June 29, 2021
La première défaite d’Abiy Ahmed, suspension temporaire du génocide ou une trêve avec le FLPT ?
Depuis novembre 2020, des milliers de civils tigréens sont morts. Au moins deux millions sont déplacés, dont 350 000 sont affamés. Et, pour couronner le tout, Abiy Ahmed a décidé d’effectuer une frappe aérienne dans les fiefs du FLPT. Au moins 70 civils en sont morts, et les images choquantes ont fait le tour du monde.
Donc, depuis samedi, le FLPT a repris les armes afin de solutionner l’embargo éthiopien. Appuyé par des mercenaires soudanais, il a pris d’assaut Mekele. La capitale du Tigré et l’ancien centre du pouvoir tigréen contenait encore des centaines de soldats du FLPT. Et en combinant l’assaut externe avec des attaques subversives de l’intérieur de Mekele, les troupes fédérales ont perdu tous leurs avant-postes. Dans la matinée du lundi, les soldats éthiopiens étaient déjà en retraite. Le porte-parole du FLPT, Getachew Reda, a annoncé à Reuters que le FLPT contrôlait Mekele.
De son côté, le gouvernement éthiopien a appelé à un cessez-le-feu unilatéral au Tigré. Le premier depuis le début de la guerre civile. Aussi, une demande qui contraste avec l’éthique de guerre génocidaire des troupes Amhara, qui cherchent à se replier actuellement.
Le secrétaire général de l’ONU a appelé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Il a ensuite déclaré qu’il « espérait qu’une cessation effective des hostilités aura lieu ». Il a aussi demandé au chef d’Etat éthiopien de « garantir que l’aide humanitaire parvienne enfin au Tigré, et qu’une solution politique soit envisagée ».
La demande du cessez-le-feu est la première concession de la part d’Abiy Ahmed. La victoire du FLPT à Mekele est un retournement de situation inespéré. Une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU aura lieu ce vendredi, où l’Occident imposera certainement des termes aux négociations entre Ahmed et le FLPT. Une solution pacifique et durable serait-elle encore possible ?
🇪🇹#Ethiopie, Les #EtatsUnis appellent à un cessez-le-feu immédiat dans la région du #Tigré. Dans cette région située dans le nord du pays où le gouvernement combat depuis novembre 2020 les forces tigréennes issues du parti rebelle du Front populaire de libération du Tigré (TPLF).
— #AFRICA24 (@AFRICA24TV) June 26, 2021