Une ONG estime que les producteurs de chocolat n’ont pas tenu leurs engagements pris en 2017. La culture du cacao continue de provoquer la déforestation, notamment en Côte d’Ivoire.
Derrière les (beaux) discours, les actes. Sauf que ces derniers ne reflètent pas véritablement les engagements pris par les acteurs du secteur du cacao. En 2019, comme plusieurs de ses concurrent, le numéro un français du chocolat Cémoi, affirmait vouloir « renforcer son engagement contre la déforestation à travers l’initiative Cacao & Forêts ».
Un engagement pris par les acteurs du cacao qui avaient « également promis de mettre en place un mécanisme de suivi conjoint », rappelle l’ONG Mighty Earth, qui s’étonne que « plus de trois ans plus tard, aucun système de ce type n’a été mis en place, malgré les promesses faites par divers acteurs importants du secteur, dont l’industrie à cent milliards de dollars par an, les ministères techniques ivoiriens et l’organisme de réglementation du cacao – Conseil Café Cacao (CCC ) ».
De l’espoir à la déception
L’organisation non gouvernementale publie la troisième version de sa carte interactive « associée à une base de données intégrée couvrant près de 5 000 coopératives de cacao en Côte d’Ivoire, le plus grand pays producteur de cacao au monde ». L’idée : favoriser « la traçabilité et la transparence du secteur du cacao en Côte d’Ivoire, avec l’espoir que ce mouvement d’ouverture se répande dans l’ensemble du pays, mais aussi au Ghana et au-delà ».
Mais en ce début d’année 2021, les résultats sont très éloignés des promesses faites par les acteurs du secteur du chocolat. En novembre 2017, en pleine COP23, ils s’étaient associés pour mettre en place les éléments favorables à un « futur plus durable ». L’initiative Cacao & Forêts avait été saluée par les ONG, dont Mighty Earth qui voyait cet engagement « comme une des meilleures initiatives du secteur privé en matière de protection de l’environnement ».
« Hélas, nous avons constaté que malgré leurs promesses, la destruction des forêts d’Afrique de l’Ouest pour la culture du cacao se poursuit, et que ces grandes entreprises tout comme les gouvernements de Côte d’Ivoire et du Ghana sont responsables de cette destruction incessante, et pourtant évitable », indiquait l’ONG en 2018.
47 000 hectares de forêts détruits en 2020 en Côte d’Ivoire
Une ONG qui tire la sonnette d’alarme : 90 % des forêts primaires d’Afrique de l’Ouest ont déjà été détruites depuis le début des années 1960, dont 14 millions d’hectares de forêt tropicale rien qu’en Côte d’Ivoire. Mighty Earth précisait par ailleurs, début février, que 47 000 hectares de forêts ont été détruits en Côte d’Ivoire rien qu’en 2020, afin de favoriser la culture de cacao.
Pour l’ONG, il faut chercher les racines de la déforestation dans plusieurs phénomènes. Outre la volonté de produire plus pour les multinationales, c’est à cause du manque de volonté politique que l’initiative Cacao & Forêts n’est pas respectée. « La corruption, les prix bas et les systèmes fonciers de mauvaise qualité » en font partie, selon Mighty Earth. L’absence de mise en place d’un mécanisme de suivi conjoint également.