Un lanceur d’alerte affirme que Microsoft s’est adonné à la corruption au Ghana, au Nigeria et au Zimbabwe, entre autres, où la firme américaine aurait soudoyé des membres des gouvernements.
Dans The Wall Street Journal, un ancien employé de Microsoft a lâché, ces derniers jours, une bombe : vendredi, Yasser Elabd publiait un essai sur la plateforme Lioness, qui publie récemment des textes rédigés par des lanceurs d’alerte. Cet ancien salarié du géant américain de la technologie accuse son ex-employeur d’avoir versé des millions de dollars en pots-de-vin, particulièrement en Afrique.
Plus exactement, Elbad affirme que Microsoft ferme régulièrement les yeux sur les pratiques douteuses de certains employés, mais aussi de sous-traitants et d’opérateurs gouvernementaux, qui se livrent à une supposée corruption.
Dans son ouvrage, Yasser Elabd indique que des entreprises partenaires locales de Microsoft aident le géant américain à vendre ses produits à des clients. En 2016, l’ex-employé de la firme assure avoir détecté un paiement de 40 000 dollars transféré à un client africain. Une somme qui semblait ne correspondre à aucune transaction légale. D’autant que, après enquête, il se serait avéré que le client en question était en réalité un ancien salarié de Microsoft, licencié par la firme un peu plus tôt.
Des représentants des gouvernements impliqués
« La politique de l’entreprise interdit aux anciens employés de travailler en tant qu’associés pendant six mois à compter de leur départ », rappelle Elbad, qui assure avoir tenté d’obtenir des réponses de sa direction, qui aurait été peu encline à répondre à ses questions.
Alertant Microsoft à propos de potentiels pots-de-vin versés à des clients, l’ancien employé de la société n’aurait jamais été aidé par le groupe. Yasser Elabd a finalement été licencié en juin 2018.
The Wall Street Journal assure qu’Elabd a, lors d’une réunion de plus de sept heures avec des membres de la SEC, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, à Washington, soumis des preuves aux responsables de l’agence, qui ont préféré ne pas poursuivre Microsoft pour cause de… pandémie de Covid-19.
Pourtant, selon l’ex-employé, « un minimum de 200 millions de dollars de pots-de-vis sont versés chaque année aux employés, partenaires et employés du gouvernement, de la part de Microsoft ». Et Yasser Elabd a une liste bien définie de clients : parmi eux, « des représentants des gouvernements du Ghana, du Nigeria, du Zimbabwe, du Qatar et d’Arabie saoudite ».
En 2019, selon Business Insider, Microsoft avait accepté de payer environ 25 millions de dollars pour effacer les accusations de corruption aux Etats-Unis. Au Wall Street Journal, Microsoft ne commente pas vraiment l’affaire mais affirme cependant que ces allégations « datant de plusieurs années » ont déjà été la cible d’une enquête interne, et ajoute que plusieurs employés ont été licenciés.