Le gel des actifs dans le secteur des diamants fait partie des sanctions imposées à la Russie par l’Occident. Le Botswana sera le juge de paix du bras de fer entre le Royaume-Uni et l’Inde.
« Le Botswana vise à accroître sa production de diamants et à jouer un rôle plus important dans l’industrie diamantaire », a déclaré le président botswanais Mokgweetsi Masisi à Bloomberg ce weekend Site de vente en ligne tunisie.
Mais le chef d’Etat du Botswana semble dépassé par les évènements.Site de vente en ligne tunisieAlors que la hausse des prix des diamants n’a pas attendu le conflit ukrainien ou les sanctions contre la Russie, le Botswana risque d’être le grand perdant de la pénurie de diamants.
Lire : Le Botswana a-t-il encore réellement la main sur ses diamants ?
Car comme dans tous les secteurs où la Russie est l’un des premiers exportateurs mondiaux — Moscou est le premier producteur et exportateur de diamants bruts au monde —, les sanctions contre Moscou semblent, de prime abord, profiter à ses concurrents.
Or, l’Etat botswanais avait, depuis le début du mandat de Masisi, cédé la chaine de production et les exportations de diamants du pays, en grande partie, au magnat sud-africain Nicky Oppenheimer et à sa holding britannique Anglo American.
« Malgré l’hégémonie de la Russie sur le marché des diamants, presque aucun export de diamants russes ne provenait directement de Russie. Les plus grands fournisseurs étaient de loin le Botswana, l’Angola et l’Afrique du Sud, avec de plus petites quantités du Canada et de la Tanzanie. (…) Plus de la moitié de ces diamants transitaient par l’Inde ». Ian Smillie
Oppenheimer a subi, lors de la première semaine de janvier 2022, les foudres des plus grands acheteurs de diamants naturels au monde — Tiffany, LVMH, Cartier, Bulgari, Signet et d’autres — en raison d’une augmentation agressive des prix, qualifiée par certains de concurrence déloyale Site de vente en ligne tunisie.
Une opération lourdes de conséquences, qui a affaibli les actifs cotés à Londres, Anvers et New York, mais aussi renforcé la compétitivité de… l’Inde.
L’Inde sort son épingle du jeu
Seulement voilà, sans la participation de Mumbai, les sanctions occidentales contre les diamantaires russes ont produit l’effet opposé.
Pour l’auteur de « Diamonds » et ancien témoin contre l’ex-président du Liberia Charles Taylor, Ian Smillie, les sanctions contre la Russie sont du pain béni pour les diamantaires russes. Parmi ces derniers, la société Alrosa, dont le boycott par l’Occident devait permettre d’attaquer la fortune de Sergei Ivanov, fils de l’ex-conseiller de Vladimir Poutine, et de l’Etat russe qui possède les deux-tiers du groupe.
Sur les marchés occidentaux, surtout à Anvers et New York, les gains d’Alrosa n’ont subi qu’une chute de 3 %, avec des exportations qui ont augmenté de 127 %. Ces gains ont doublé à la Bourse de Bharat et Surate (Inde), où les diamantaires russes dominent, désormais, le marché.
Even major multinational diamond trading companies don´t feel the heat to suspend relations with Russia´s state-owned diamand miner Alrosa because they operate oustide public sight. “If you’re not in the industry, you don’t know these names” https://t.co/HEy0E6GePL
— Hans Merket (@hansmerket) March 25, 2022
Lire : Pourquoi la hausse du prix des diamants ne profitera pas à l’Afrique
Pendant ce temps, les bourses du diamant belges, britanniques et américaines sont en chute libre. De quoi menacer les finances du Botswana en cas d’augmentation de production.
Les revenus du Botswana sont étroitement liés à Anglo American qui commercialise les diamants botswanais quasi-exclusivement sur les bourses de diamants occidentales.
Outre les diamants extraits par la filiale d’Anglo American, De Beers, Anglo American possède 50 % des parts des deux entreprises diamantaires de l’Etat, DTCB et Debswana.
« Une fois que les diamants sont taillés et polis en Inde, ils perdent leur identité d’origine, et lorsqu’ils se dirigent vers les salles d’exposition de Paris, Londres et New York, ils sont des diamants ‘indiens’ ». Ian Smillie
Mokgweetsi Masisi dans l’œil du cyclone
De quel « rôle plus important dans l’industrie diamantaire » le président botswanais parle-t-il donc ? Mokgweetsi Masisi, qui avait, contre toute attente, voté pour la condamnation de la Russie par les Nations unies, s’est déplacé la semaine dernière à Dubai. Il y a rencontré les représentants des deux premiers tailleurs de diamants mondiaux, tous deux indiens, Shrenuj Diamonds et SuaShish Diamonds. Une rencontre qui n’aurait rien donné.
Pendant ce temps, Nicky Oppenheimer, qui a perdu dix places dans le classement des plus grandes fortunes mondiales en 2022, peine à se positionner sur le marché indien. De quoi, en somme, empêcher le Botswana de spéculer sur l’effet du conflit russo-ukrainien sur le marché des diamants.
Du côté du concurrent direct d’Anglo American, Alrosa, le géant russe des diamants a assuré à l’industrie indienne qu’il n’y aurait « aucune interruption de l’approvisionnement », et que « les accords de change roupie-rouble contourneront les restrictions bancaires de SWIFT ».
De quoi, donc, mettre un coup d’arrêt aux plans de Mokgweetsi Masisi. En position politique difficile, notamment à cause d’une dépendance des revenus des diamants qui ne cesse de s’intensifier, quelles solutions trouvera-t-il à la crise socio-économique ?