La Fédération marocaine de football a déposé un recours contre l’arbitrage du match France-Maroc. Elle estime que deux penalties évidents ont été oubliés par César Arturo Ramos.
Mercredi, le Maroc était battu par la France, lors de la demi-finale de la Coupe du monde. Le sélectionneur marocain, Walid Regragui, estimait après la défaite de son équipe que « le plus important, c’est d’avoir donné une bonne image, d’avoir montré au monde que le football marocain existait, qu’on avait de beaux supporters ». Mais depuis quelques heures, sur les réseaux sociaux, les Lions de l’Atlas sont conspués par des supporters français qui ne comprennent pas la décision de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) de déposer un recours.
La FRMF estime que ses joueurs ont été privés de « deux penalties incontestables » lors du match contre la France et annonce qu’elle a saisi « l’instance compétente » — sans préciser laquelle — pour demander des explications « sur les situations arbitrales » contestables. Si le recours n’aboutira à aucune décision, les Français qui critiquent le Maroc oublient qu’ils ont, eux aussi, par l’intermédiaire de la Fédération française (FFF) saisi la commission de discipline de la FIFA pour tenter de faire valider le but égalisateur, annulé contre la Tunisie, lors des phases de poule.
Au-delà de cette Coupe du monde, les équipes africaines ont-elles tendance à porter trop souvent réclamation ? « On sait que l’arbitrage africain pose souvent problème, les recours sont donc effectivement presque un réflexe presque pavlovien pour les fédérations continentales », nous confie un observateur du football africain.
Paranoïa ou réalité ?
Jean-Marie Nzekoue, auteur de « L’aventure mondiale du football africain », est plus dur. « Passer son temps à pleurnicher, à accuser le ciel et la terre au moindre faux pas ne font pas progresser une sélection nationale dans le ranking mondial, écrit-il dans un article de Camfoot. Bien au contraire, le manque de fair-play ternit davantage son image de mauvais perdant, installant à la longue un état pathologique proche de la paranoïa et qui consiste à voir des ennemis et des complots partout ».
Selon l’auteur, « reconnaître la valeur de l’ennemi est la première qualité d’une grande armée. Savoir accepter la défaite et féliciter le vainqueur sont des signes caractéristiques des grands champions. Comme on le verra bientôt en Coupe du monde, la meilleure arme des équipes africaines contre les complots réels ou supposés c’est une bonne prestation sur le terrain du jeu ».
Jean-Marie Nzekoue ne croyait pas si bien dire : sur le terrain, les Lions de l’Atlas ont prouvé qu’ils pouvaient être les auteurs de prestations exceptionnelles. L’entraîneur du Maroc, lui-même, a admis être tombé sur une belle équipe de France, et avoué que, « pour atteindre le très, très haut niveau, aller gagner une Coupe du monde, il faudra encore travailler, mais on n’est pas très loin ».
Où est passée la VAR ?
Le recours de la FRMF n’est donc ni une façon de minimiser les performances françaises dans cette compétition ni un manque de fair-play, puisque celui-ci n’aboutira à aucune décision officielle. Il s’agit plutôt de montrer à la FIFA que les équipes africaines doivent être arbitrées comme les autres. On se souvient, lors du match entre le Ghana et le Portugal, que Ronaldo avait bénéficié d’un pénalty très litigieux. Contre la France, c’est une glissade de Théo Hernandez qui a fauché Sofiane Boufal dans la surface et un ceinturage d’Aurélien Tchouaméni qui ont provoqué la colère marocaine.
« À ce niveau-là, des penalties comme ça, avec tout ce qui existe, la VAR, etc., c’est dur…», avait déploré Ayew après le match Ghana-Portugal. C’est ce que reprochent les Marocains à l’arbitre mexicain de mercredi, César Arturo Ramos. La FRMF déplore en effet « que le dispositif de l’Assistance Vidéo à l’Arbitrage (VAR) n’ait pas réagi à ces situations arbitrales » et assure qu’elle « ne ménagera aucun effort afin de défendre et préserver les droits des sélections nationales en prônant l’équité dans l’arbitrage ».