Pressentie pour prendre la direction générale de la CAF, la Sénégalaise Fatma Samoura aurait pour mission officieuse de s’assurer que Patrice Motsepe respecte son accord passé avec le patron de la FIFA, Gianni Infantino.
« Lancez-vous des défis et rêvez en grand ! » A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la FIFA a offert à Fatma Samoura, secrétaire générale de l’instance internationale, une jolie tribune. « Elle est la première musulmane, Africaine et femme à occuper ce poste d’influence », précise le site de la Fédération internationale de football, qui ajoute que la Sénégalaise « s’est engagée à utiliser le pouvoir unique du football pour soutenir, encourager et responsabiliser les gens à travers le monde ». Une mise en avant opportuniste qui, ironie du sort, tombe au moment où l’on évoque, en coulisse, une rétrogradation de Fatma Samoura. La Sénégalaise est en effet annoncée partante de la FIFA, en direction de la Confédération africaine de football (CAF). Un mercato qui ne doit rien au hasard.
Lors de la 43e Assemblée générale de la CAF, qui a eu lieu à Rabat, au Maroc, ce vendredi 12 mars, un nouveau président a été élu après de longues négociations en début d’année entre Infantino, les candidats à ce poste et les différents chefs d’Etat africains. Le Sud-Africain Patrice Motsepe, grâce au soutien du patron de la FIFA Gianni Infantino, a en effet été intronisé président de l’instance africaine. Mais on n’est jamais trop prudent… L’Italo-Suisse, qui dirige la FIFA depuis février 2016, a besoin du soutien du football africain pour être réélu à la tête de la fédération internationale en 2023. Et s’il estime avoir mis la CAF sous tutelle en jouant l’ouvreur pour Motsepe, Infantino veut consolider sa mainmise sur l’organisation continentale. Et deux personnes de confiance valent mieux qu’une, semble-t-il.
Samoura à la CAF, une double assurance pour Infantino
Le poste de secrétaire général de la CAF restant à pourvoir, c’est aujourd’hui le Congolais Véron Mosengo-Omba, directeur des associations de la FIFA et acteur très actif dans le « pacte de Rabat », qui est pressenti*. Fatma Samoura pourrait, elle, devenir directrice générale. Un possible parachutage qui doit beaucoup à Gianni Infantino. Le patron de l’instance internationale avait déjà imposé la Sénégalaise à la Confédération africaine de football en 2019. Samoura, nommée à l’époque « déléguée générale pour l’Afrique », avait alors été chargée de mener un audit financier, alors que le président Ahmad Ahma, commençait à crouler sous les accusations de détournements de fonds. A la fin de la mission de la Sénégalaise, le Comité exécutif de la CAF avait voté contre un renouvellement de son mandat. Les membres de la CAF n’avait que peu goûté la tentative de mise sous tutelle et l’ingérence de la FIFA dans leurs affaires internes.
Ce désaveu sonna d’ailleurs le glas pour Ahmad Ahmad. Accusé par Gianni Infantino de vouloir s’émanciper en éjectant Samoura de la CAF, c’est à partir de ce moment-là que le Malgache tomba en disgrâce. Ahmad Ahmad désormais hors-course, l’Italo-Suisse se verrait bien exfiltrer Fatma Samoura de la FIFA, en lui créant un poste sur mesure, celui de directrice générale. La Sénégalaise, depuis qu’elle a livré un rapport sur la gestion interne de la FIFA, est isolée au sein de la fédération internationale. En l’envoyant au Caire pour une nouvelle mission, Infantino bénéficierait d’une double assurance : celle d’avoir un garde-fou auprès de Motsepe, pour mieux contrôler ce dernier, mais également de s’assurer que la Sénégalaise ne lui fera pas d’ombre en 2023, au moment des candidatures à la présidence de la FIFA.
* Dans un communiqué de presse daté du 13 mars, le nouveau Comité exécutif de la CAF, présidé par Patrice Motsepe, annonce avoir coopté Ahmed Yahya au Comité exécutif et nommé aux postes respectifs de premier, deuxième, troisième, quatrième et cinquième vice-présidents Augustin Senghor, Ahmed Yahya, Suleiman Waberi, Seidou Mbombo Njoya et Kanizat Ibrahim. Comme pressenti, Veron Mosengo-Omba a été désigné secrétaire général de l’institution.