Ces trois dernières années, alors qu’il touche des milliards de dollars de recettes, l’État congolais a délaissé plusieurs secteurs, dont celui de la santé, documente un rapport de l’Observatoire de la dépense publique.
En République démocratique du Congo (RDC), mais où sont donc passés les fonds publics, destinés notamment aux secteurs sociaux ? C’est la question que pose une organisation non gouvernementale du pays. Dans un rapport publié ce lundi, l’Observatoire de la dépense publique (Odep) s’étonne de voir le budget de l’État fondre comme neige au soleil, sans qu’il ne serve vraiment à ce à quoi il était destiné.
Le document ne s’intéresse qu’à ces trois dernières années. Mais ses conclusions montrent un mélange de mauvaise gestion, de corruption et de détournements des deniers publics. Un secret de polichinelle, certes. Mais l’Odep documente ses dires, ce qui rend la situation encore plus scandaleuse.
Le constat montre la différence entre les budgets alloués aux secteurs sociaux — tirés des plus de 22 milliards de dollars de recettes — et les dépenses. Car, les fonds disparaissent au profit du fonctionnement — du dysfonctionnement ? — des institutions politiques, alors que les différents pans du secteur social sont totalement délaissés et ne bénéficient pas des investissements qui devraient leurs être alloués.
Plus de recettes, moins d’investissements
L’équation présentée par l’Odep est sans appel : grâce au secteurs minier, jamais l’État n’a encaissé autant de recettes. Mais les mêmes recettes sont injustement utilisées. Malgré les 22 milliards de dollars de recette, par exemple, le secteur de la santé n’a bénéficié que d’un tout petit milliard de dollars ces trois dernières années. C’est la moitié de ce qui était prévu.Et cela a des conséquences : la RDC a pris beaucoup de retard dans ce secteurs. La couverture de santé universelle des soins primaires promise par Félix Tshisekedi n’a donc jamais été mise en place. L’Odep assure que les affaires sociales n’ont obtenu que 60 millions de dollars, au lieu de près de 180 millions prévus, soit un tiers de la somme qui devaient leur être allouée.
L’ONG déplore un laxisme budgétaire et un fossé entre les discours du gouvernement et les actes. Simple mauvaise gestion ? Pour l’organisation, il s’agit surtout d’un manque de volonté politique.
En février dernier, la même ONG avait fait plusieurs propositions pour espérer une « réduction du train de vie de l’État ». Parmi celles-ci, il était recommandé au président Félix Tshisekedi de réduire son collège de conseillers ou encore de mettre fin au statut « illégal » de Premier dame.