Les présidents de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale se réuniront le 18 août. Un sommet convoqué par le FMI, et auquel participera la France.
Les présidents de Centrafrique, du Gabon, de Guinée équatoriale, du Tchad et du Congo-Brazzaville se réuniront lors d’un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le 18 août prochain. S’il a un moment été question que le sommet se déroule en visioconférence, celui-ci devrait finalement se tenir physiquement à Yaoundé. Une réunion convoquée par Paul Biya, mais surtout exigée par le Fonds monétaire international (FMI). L’institution de Bretton Woods demande depuis plusieurs mois des engagements de la part des pays de la CEMAC concernant des réformes structurelles et une amélioration de la gouvernance économique et financière de la sous-région.
Officiellement, et parce que les chefs d’Etats de la CEMAC veulent garder un semblant de souveraineté, l’ordre du jour a été établi par les dirigeants eux-mêmes : la dette chinoise, les taux douaniers concernant les exportations de bois, le plan régional de la relance économique post-Covid-19 ou encore la situation macroéconomique de la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC). Avec six présidents autour de la table, aucun doute que d’autres dossiers, plus politiques ou diplomatiques, seront également abordés. Mais les instances financières continentales et internationales suivront avec attention les débats. Car il s’agit surtout, ce 18 août, de fournir une réponse claire et nette aux exigences du FMI.
Le gratin de la finance et la France s’invitent au sommet
Un Fonds monétaire international qui attend des réformes structurelles de la gouvernance financière de la CEMAC. Alors que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a précédemment décidé d’un plan financier et commercial sans consulter Kristalina Georgieva ou les banques, le FMI est contrarié et espère bien que la CEMAC sera plus coopérative. Les discussions du 18 août se dérouleront donc sous les yeux vigilants du FMI, de la Banque mondiale (BM) et de la Banque africaine de développement (BAD), dont les présidents respectifs, Kristalina Georgieva, David Malpass et Akinwumi Adesina, seront présents. Autre invité de marque : Bruno Le Maire. Le ministre français de l’Economie et des Finances a été convié par Paul Biya.
La présence française, cumulée à l’ingérence du FMI, fera souffler un vent de post-colonialisme sur ce sommet de la CEMAC. D’autant qu’Ali Bongo, Denis Sassou N’Guesso et Teodoro Obiang ne sont pas vraiment en bons termes actuellement avec Paris. De quoi laisser penser que l’invitation lancée par Paul Biya à Bruno Le Maire ressemble à un affront. Le ministre français n’est d’ailleurs pas vraiment concerné par les dossiers mis à l’ordre du jour : les accords entre les pays du bloc, la valorisation du bois exporté par la CEMAC, le déblocage de l’échange des devises via la BAD, les échanges entre pays de la CEMAC d’étudiants ou encore le déclin de la production du coton sont encore, aux dernières nouvelles, des affaires africaines.
L’invitation de Bruno Le Maire serait-elle alors un simple excès de zèle de la part de Paul Biya ? Le président camerounais compte en effet conserver ses bonnes relations, un temps devenues tumultueuses, avec Paris. Le 14 juillet dernier, le chef de l’Etat du Cameroun a appelé Emmanuel Macron à poursuivre le « partenariat solide et fiable » qui le lie à Paris. D’autant que Paul Biya n’est pas au mieux politiquement : entre la crise anglophone, les contestations de la part de ses opposants, les désertions au sein de l’armée ou encore une dette chinoise devenue insoutenable, Yaoundé a besoin de l’aide internationale, et plus particulièrement française. Mais alors que le Gabon lorgne vers le Commonwealth et que la Guinée équatoriale peste contre la décision de la justice française dans l’affaire des bien mal-acquis, le choix de Paul Biya sonne, vis-à-vis de ses homologues, comme une provocation.