Alors que la crise politique s’aggrave, en Italie, le Premier ministre Mario Draghi, accompagné d’une large délégation, sera en visite de travail en Algérie ce lundi 18 juillet. Il s’agira, selon plusieurs sources, de finaliser les accords entre l’Italie et l’Algérie avant la probable démission de Draghi.
Un séisme politique secoue l’Italie. Jeudi dernier, le Premier ministre Mario Draghi avait présenté sa démission, mais elle a été refusée par le président Sergio Mattarella. La classe politique et la société civile ont également multiplié les pétitions exigeant que Draghi reste aux commandes de l’Italie. Toutefois, le chef du gouvernement, qui dit refuser l’ultimatum du Mouvement 5 étoiles (M5S) — de son prédécesseur Giuseppe Conte — concernant les salaires minimums, se dit « fermement décidé à quitter son poste ».
Dans ce contexte, et à la veille d’un vote parlementaire décisif pour Draghi, le Premier ministre italien entame un voyage en Algérie. Il sera également accompagné de ses ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice, l’Ecologie, l’Infrastructures et la Famille. Une délégation de poids, qui en dit long sur l’importance de ce déplacement.
Il s’agit d’ailleurs de la seconde visite du chef du gouvernement italien en Algérie en l’espace de trois mois. L’Algérie et l’Italie se sont rapidement rapprochés au moment du début de la crise gazière en Europe. Et cela date d’avant la mésentente entre Alger et Madrid. En effet, l’Algérie a augmenté ses fournitures en gaz à l’Italie de 110 % durant le premier semestre 2022. Et lors de cette visite, Draghi signera avec Abdelmadjid Tebboune un accord comprenant la fourniture de 6 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires. Soit une augmentation de 90 %.
Un nouvel accord gazier, mais pas seulement…
Pour la presse italienne, cette visite de Draghi vise à cimenter les accords entre l’Algérie et l’Italie, avant le probable départ du Premier ministre italien. Si les relations entre les deux pays sont historiquement cordiales, elles ont passé un cap après l’arrivée de Mario Draghi à la primature italienne. En effet, en 2021, le commerce entre l’Algérie et l’Italie a dépassé les 8 milliards de dollars.
La Botte est également le premier client et sixième fournisseur d’Alger. Les secteurs de coopération ne concernent pas uniquement le gaz, mais aussi l’agriculture, l’industrie lourde, la sidérurgie, et surtout la sécurité.
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En effet, lors d’une rencontre entre le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et son homologue Luigi Di Maio, il a été question d’aviation et d’armement. Depuis, la question a été discutée au plus haut niveau. L’entreprise italienne d’Alessandro Profumo, Leonardo S.p.A, est en passe de fournir Alger en avions de ligne et en armes légères intelligentes. Un deal qui avait d’ailleurs suscité un différend entre Leonardo et son partenaire français Thales.
S’il ne fait pas de doute que l’augmentation des ventes de gaz de l’Algérie à l’Italie n’est plus qu’une formalité, d’autres accords pourraient bien être conclus lors de la visite algéroise de Draghi. En l’occurrence, la vente d’électricité contre le transfert de technologies italiennes à l’Algérie dans les domaines de l’hydrogène vert et du captage de carbone.
Seule question : l’accord avec Leonardo fera-t-il également partie du lot ? Au vu de la délégation italienne exceptionnellement large, tout porte à croire que ce sera le cas. Au retour d’Abdelmadjid Tebboune de sa dernière visite à Rome fin mai, le président algérien était escorté par quatre chasseurs italiens. Une tradition symbolisant une alliance militaire pour Rome.