En Egypte vendredi, un tribunal d’urgence a condamné à mort vingt-quatre membres présumés des Frères musulmans. Depuis 2018, les procès expéditifs se multiplient.
En Egypte, vingt-quatre membres du Parti de la liberté et de la justice, le parti du défunt président renversé Mohamed Morsi, affilié aux Frères musulmans, ont été condamnés à mort. La décision a été prononcée par un juge spécial, dans une procédure d’urgence, lors d’une audience à huis clos.
Parmi les condamnés, cinq ont été jugés par contumace pour le meurtre d’un policier en 2014. Trois autres accusés devaient également comparaître devant le tribunal, mais ils sont morts en prison.
Mohamed Sweidan, un responsable régional de l’organisation, et quinze membres de sa famille accusés d’avoir collaboré avec lui, c’est un attentat à la bombe contre un bus dans le gouvernorat de Beheira en 2015 qui leur est reproché.
L’avocat de la défense, Abdel Moneim Abdelmaksoud, estime que le procès a été expédié et les accusés condamnés sur de simples suspicions. « Le Ministère public n’a présenté aucune preuve, outre des déclarations de témoins scellées. Les témoignages ne peuvent être admis comme preuve s’ils ne sont pas corroborés par des preuves tangibles ou, au moins, soumis à des confrontations ».
AOHR UK gives its full support to the brave #UNHungerStrike, currently holding a sit-in outside the #UN offices in New York in opposition to president #Sisi’s use of the death penalty against his opponents in #Egypt
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— 2🦋ꌚꁒꌚꁒꋫ🦋 (@smsma_cat1) July 31, 2021
Condamnations à mort et emprisonnements tous azimuts
La peine capitale en Egypte est exécutée par pendaison. Plus tôt, cette année, douze autres dirigeants du Parti de la liberté et de la justice ont été exécutés. En 2020, l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sissi a pulvérisé son propre record de peines capitales : 139 mises à mort, généralement des partisans de l’ancien président Mohamed Morsi, contre 107 en 2020 et 32 en 2019. Outre la peine de mort, des peines de prisons très lourdes sont également prononcées.
Selon Amnesty International, au moins 650 personnes ont écopé de peines allant jusqu’à 25 ans d’emprisonnement pour avoir participé à un sit-in en 2013. La manifestation de Rabaa, contre le coup d’Etat d’Abdel Fattah al-Sissi, avait provoqué des tirs à balles réelles de la part de l’armée et de nombreuses arrestations. Depuis le renversement de Mohamed Morsi, les autorités égyptiennes ont réprimé les membres et les dirigeants des Frères musulmans et ont interdit le groupe.
Depuis 2018, la justice égyptienne a élargi le spectre de ses accusations : les victimes du régime al-Sissi se trouvent désormais dans l’opposition laïque. Des centaines de journalistes, d’activistes et d’influenceurs ont eux aussi écopé de peines de prison. Ce fut récemment le cas pour les deux influenceuses Mawada al-Adham et Haneen Hossam, condamnées respectivement à 6 et 10 ans de prison ferme. Six militants ont été arrêtés en juin pour des critiques contre al-Sissi, puis relâchés le 18 juillet sous la pression internationale.
Plus récemment encore, l’ancien rédacteur en chef du journal de l’Etat Al-Ahram, Abdel Nassar Salam, a été placé derrière les verrous. Il avait critiqué l’incapacité du président al-Sissi à résoudre la crise du GERD, qui oppose l’Egypte à l’Ethiopie, avant de démissionner. Le 14 juillet, l’activiste Hossam Bahgat a été arrêté pour ses publications sur les réseaux sociaux. Son procès débutera le 7 septembre prochain.
Despite the recent release of some prisoners, much work remains ahead in #Egypt, with over 60,000 still imprisoned on political grounds.
TIMEP's @RamyYaacoub & @eldahshan spoke to @dwnews on Egypt's human rights abuses and the int'l community's role: https://t.co/wEk2lEHCvD
— The Tahrir Institute for Middle East Policy (@TimepDC) July 29, 2021