Décidé à briguer un troisième mandat, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra veut modifier la Constitution. Il propose un référendum dans les mois à venir.
« Je ne ferai rien sans la volonté du peuple détenteur de la souveraineté nationale ». Au moment d’évoquer un potentiel troisième mandat, Faustin-Archange Touadéra semble écarter toute entorse à la Constitution centrafricaine. Pour ce faire, s’il veut rempiler, le président de République centrafricaine devra espérer une réforme constitutionnelle. Et, le 12 août dernier, à la veille de célébrer le 62e anniversaire de l’indépendance de la RCA, le président centrafricain a avancé ses premiers pions.
Sur sa page Facebook, Faustin-Archange Touadéra a en effet indiqué que « de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger une modification de la Constitution ». Le chef de l’Etat assure que « des pétitions et marches de soutien à la réforme constitutionnelle » se sont multipliées et qu’il a donc décidé de « prendre acte » des « sollicitations pressantes » de la part du peuple « réclamant une nouvelle Constitution ».
De quoi faire monter la tension d’un cran, à trois ans de la prochaine élection présidentielle. L’opposition, certaine que Touadéra tente de garder le pouvoir coûte que coûte, lancer une grande mobilisation le 27 août prochain dans les rues de Bangui, la capitale centrafricaine.
L’opposition vent debout
Du côté du gouvernement, on a déjà engagé la réforme. Le 15 août dernier, le ministre chargé du secrétariat général du gouvernement, Maxime Balalou, a d’ailleurs déclaré à la sortie d’un Conseil des ministres extraordinaire que le gouvernement avait obtenu, de la part de l’Assemblée nationale, l’autorisation de mettre en place une Assemblée constituante.
Le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) a saisi, lundi, la Cour constitutionnelle. Le mouvement, qui réunit une trentaine de partis politiques et associations de la société civile, estime que Touadéra a « violé » la Constitution.
Touadéra « ne peut pas tromper le peuple centrafricain en disant que cette Constitution est inadaptée et qu’il faut une nouvelle Constitution pour changer la situation économique, politique et sécuritaire du pays. Pour nous, c’est de la supercherie, c’est de l’imposture politique. Nous avons décidé de nous opposer à la tentative du président Touadéra de modifier ou de faire adopter une nouvelle Constitution afin de lui permettre de faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel, ce qui lui permettrait effectivement de briguer un troisième mandat et si possible, de rester à la tête du pays comme président à vie », indique à RFI Nicolas Tiangaye, président de la Convention républicaine pour le progrès social (CRPS) et membre du BRDC.
Interrogé par Jeune Afrique, le patron du BRDC, Crépin Mboli-Goumba, estime que Touadéra « veut réviser la Constitution existante, qui date de mars 2016, voire en faire adopter une autre, parce qu’il souhaite instaurer un pouvoir à vie ».
Ce sont donc deux blocs qui s’opposent. L’opposition à Touadéra doit faire face aux partisans du président centrafricain qui, le 6 août dernier, se sont mobilisés dans la rue pour réclamer la tenue d’un référendum pour modifier la Constitution.
Le BRDC a décidé de lancer des recours juridiques, mais aussi de mobiliser ses partisans. Le bras de fer qui débute s’annonce d’ores et déjà tendu.