L’ANC, qui a lancé sa campagne en vue des élections générales, peine à convaincre et à fédérer. La faute à un bilan loin d’être bon.
La saison électorale bat son plein en Afrique du Sud, avec les élections générales prévues pour le 29 mai. L’ANC, au pouvoir depuis la fin de l’apartheid et dirigé par le président Cyril Ramaphosa, se retrouve confronté à une bataille électorale difficile. Le parti historique risque de perdre sa majorité absolue au Parlement pour la première fois depuis l’élection de Nelson Mandela en 1994. Malgré sa longue domination politique, l’ANC fait face à un mécontentement croissant de la population, dans un contexte socio-économique morose marqué par un chômage endémique et des inégalités persistantes.
Longtemps habitué à obtenir plus de 60 % des voix, l’ANC voit se multiplier les sondages prédisant une baisse brutale de son soutien, avec des prévisions autour de 40-45 %. La réélection de Ramaphosa semble moins acquise que prévu, le parti pourrait être contraint de former une coalition pour maintenir son emprise au pouvoir. Cette perspective suscite des inquiétudes, notamment en raison de l’instabilité politique observée au niveau local, où plusieurs maires se sont succédé en peu de temps dans des villes comme Johannesburg.
Lors d’un rassemblement à Durban, Ramaphosa a dévoilé le programme électoral de l’ANC, visant à “restaurer la confiance” des Sud-Africains. Parmi les principales promesses figure la création de 3,5 millions d’emplois, une annonce qui semble familière et qui ne suffit pas à convaincre dans un pays où le chômage reste la principale préoccupation.
La crise énergétique, symbolisée par les coupures de courant fréquentes, met en lumière les échecs de l’ANC dans la gestion des infrastructures essentielles, en particulier la compagnie d’électricité publique Eskom, marquée par la corruption sous le règne de Jacob Zuma. Malgré les promesses de renouveau, le parti peine à traduire ses paroles en actions tangibles.
La figure de Jacob Zuma, ancien président et toujours populaire dans certains bastions, a quitté l’ANC pour soutenir un nouveau parti, Umkhonto we Sizwe. Cette scission pourrait diviser davantage l’électorat traditionnel de l’ANC et accélérer son déclin.
Dans une tentative pour galvaniser le soutien, Ramaphosa a invoqué l’image de Tintswalo, symbolisant la génération des “Born Free” (nés après la fin de l’apartheid), pour illustrer les succès de l’ANC. Cependant, la réalité pour de nombreux jeunes Sud-Africains est marquée par le chômage, la violence et l’instabilité, remettant en question la pertinence de cette narrative optimiste.