Alors que les Nations unies appellent à l’émergence des « champions environnementaux » pour sensibiliser les populations quant à la défense de l’environnement, Jonathan Olakunle, un militant nigérian déguisé en Spiderman, interpelle l’opinion publique sur les dangers des déchets solides.
Le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) estime que, chaque année, 11,2 milliards de tonnes de déchets solides sont collectés dans le monde. L’Afrique, relativement moins polluante que les autres continents, génère tout de même 125 millions de tonnes de déchets solides, dont 81 millions de tonnes sont collectées rien qu’en Afrique subsaharienne. Un chiffre qui risque de doubler avant 2025, à en croire l’auteur du livre « Développement régional en Afrique », Norbert Edomah.
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Le Nigéria, pays plus peuplé d’Afrique avec près de 208 millions d’habitants, génère à lui seul 32 millions de tonnes de déchets solides, dont seulement 4 % sont recyclés. Si le chiffre est insignifiant par rapport à un pays d’Asie ou d’Europe, il est considéré très haut pour la moyenne africaine.
Pour le militant pour l’environnement Jonathan Olakunle Olanlokun, la question est avant tout esthétique. « Je ne suis pas satisfait de la façon dont je vois les déchets partout, c’est devenu notre mode de vie normal. Ce n’est pas censé l’être. J’ai commencé à militer en 2004. Je déteste les environnements sales et je nettoie toujours mon environnement », affirme-t-il simplement dans une interview.
Jonathan Olakunle est un militant comme les autres qui, depuis sa ville natale d’Osogbo, dans le sud du Nigéria, nettoie les rues dans son temps libre. Sa propre façon de participer à protéger l’environnement. Mais depuis quelques mois, Jonathan Olakunle est devenu un symbole de la lutte écologique.
Jonathan Olakunle, faiseur de héros
En effet, frustré par le manque de motivation des populations, Olakunle a pensé à un moyen original et drôle d’attirer l’attention sur ce qu’il fait. Tous les weekends, il se pare d’un costume de Spiderman. Selon lui, « il n’y a pas besoin d’être un superhéros pour garder la ville propre ».
Les internautes sont partagés. Entre les moqueries — Jonathan Olakunle, le « Spiderman nigérian », est devenu un meme sur les réseaux sociaux —, mais aussi les encouragements, Jonathan Olakunle commence à être de plus en plus pris au sérieux.
C’est une autre jeune beaucoup plus connue, l’écologiste nigériane Oluwaseyi Moejoh, présidente de trois organisations d’action climatique et de justice environnementale, qui a plébiscité la philosophie de Jonathan Olakunle. Depuis, le « Spiderman nigérian » est indéniablement un champion de la lutte contre la pollution au Nigéria. De façon autonome, des centaines d’étudiants ont commencé à nettoyer les rues des villes nigérianes pendant le weekend, vêtus comme Jonathan Olakunle d’un costume de Spiderman !
Il ne s’agit pas d’une campagne, mais simplement d’un appel à l’action, qui inspire de plus en plus les jeunes Nigérians. Un résultat que Jonathan Olakunle convoitait, justement. « Je mets le costume de Spiderman afin d’attirer l’attention des gens. Je veux qu’ils aiment ce que je fais. Je veux qu’ils deviennent, eux aussi, des héros », se réjouit-il.