Près de quatre mois après le début de la vaccination contre la Covid-19 en Libye, seules 547 000 personnes ont reçu une dose de vaccin dans le pays.
En Libye, la campagne de vaccination reprend avec des vaccins différents. Après que les autorités ont administré 547 000 doses des vaccins Spoutnik V et AstraZeneca, les autorités du pays ont reçu 2 millions de vaccins Sinopharm. Le 10 avril dernier, au coup d’envoi de la campagne de vaccination en Libye, le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah avait déploré que « le retard de l’arrivée des vaccins est dû à des considérations politiques, et non pas financières ». Dénonçant les ingérences étrangères dans la crise libyenne, Tripoli a cependant dû composer avec les puissances étrangères pour trouver des vaccins.
Et c’est la Chine qui est donc le dernier pays en date à proposer des vaccins. Les 2 millions de doses reçues seront suivies de près par la réception de 500 000 doses dans une semaine, puis d’un million supplémentaires avant la fin du mois. Après un gros coup d’arrêt de la campagne, le Premier ministre libyen a lancé « un appel à tous les concitoyens de se faire vacciner ».
Le mystère demeure quant à l’accord passé entre la Libye et la Chine. Le pays du Maghreb n’a pas obtenu ses dernières doses via l’initiative Covax et cet envoi de vaccins n’est pas un don. La diplomatie chinoise pourrait donc avoir conclu un accord en catimini avec les autorités. Selon des sources libyennes, les vaccins auraient transité par les Emirats arabes unis, ce qui expliquerait la rapidité de la livraison.
Large shipment of #Sinopharm #vaccine arrives at #Mitiga Airport https://t.co/B1uzkOWb6F
— The Libya Observer (@Lyobserver) August 2, 2021
Vers une campagne de vaccination express ?
Quoi qu’il en soit, avec 2 millions de nouvelles doses, ce pays de 7 millions d’habitants pourrait boucler plus rapidement que prévu sa campagne de vaccination. Reste que les autorités sanitaires nationales n’avaient pas installé l’infrastructure prévue pour gérer les flux de personnes vaccinées.
Politiquement, ces achats directs marquent aussi une rupture avec la tutelle de l’Union africaine en matière de vaccins. Les initiatives Covax et AVAT ont fait preuve de lenteur dans la livraison des vaccins. Tant et si bien que des pays africains — l’Ouganda en tête — n’ont pas reçu les secondes doses à temps, et doivent maintenant considérer des sources plus fiables de livraison de vaccins contre la Covid-19.
En Libye, la pandémie a connu une recrudescence en mai et juin. Le pays recense 253 000 contaminations, 192 000 guérisons et 3 500 décès. Le fait que la vaccination ait été interrompue brutalement en juin fait craindre le pire. Toutefois, si la vaccination au Sinopharm se passe normalement, la Libye pourrait devenir rapidement le pays le plus vacciné d’Afrique du Nord.
Le ministre de la Santé, Ali al-Zenati, a indiqué que « tous les Libyens seront vaccinés au plus vite. Il faudra respecter les règles sanitaires et le couvre-feu en attendant ».