Cette nuit, un coup d’Etat militaire a mis fin à la transition au Soudan. Le Premier ministre Abdallah Hamdok a été arrêté.
Internet coupé, routes bloquées, arrestations… Le Soudan a vécu une nuit agitée. Et le black-out numérique empêche aujourd’hui de connaître les tenants et les aboutissants de ce qui semble être aujourd’hui un coup d’Etat. Depuis plusieurs jours, pro-armée et pro-civils se distinguent, manifestant pour soutenir les uns et les autres au sein d’autorités de transitions qui regroupent des militaires et des civils. La paix est, depuis, très précaire au Soudan, qui attend 2023 pour organiser des élections après la chute de l’ancien président Omar el-Béchir en avril 2019.
A première vue, les manifestant pro-armée ont réussi leur coup : à coup de sit-in, de blocages des ponts de la ville et de mouvements consistant à brûler des pneus, ils ont poussé les militaires à agir. Au grand désarroi de l’Association des professionnels, qui entendant œuvrer pour la révolution après avoir été à l’origine des mouvements de 2019. Le mouvement vient d’appeler à la « désobéissance civile », assurant que vient de se dérouler, au Soudan, un « coup d’Etat militaire violent ».
Le Premier ministre Abdallah Hamdok avait une chance de participer à ce coup d’Etat. Mais son refus de signer un document entérinant le coup d’Etat a provoqué sa chute. Hamdok a été arrêté et emmené en résidence surveillée, dans un endroit encore secret. De nombreux ministres et membres civils du Conseil de souveraineté ont également été arrêtés.
Et alors que des soldats auraient pris d’assaut le siège de la radiotélévision d’Etat soudanaise à Omdourman, ce sont les Etats-Unis qui ont communiqué sur la situation. Les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets », et affirment que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ».
Au-delà des USA, l’Egypte suit de près les événements soudanais. Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe et ex-ministre des Affaires étrangères en Egypte, appelle dans un communiqué à un dialogue national.
L’instabilité au Soudan semble être dommageable pour l’Egypte. Depuis plusieurs mois, Le Caire est actif vis-à-vis de Khartoum. De nombreux accords ont été signés entre l’Egypte et le Soudan. Sissi comptait sur Khartoum pour le soutenir dans le conflit diplomatique qui l’oppose à l’Ethiopie.
Côté européen, le chef de la diplomatie, Josep Borrell, espère que la communauté internationale arrivera « à remettre la transition soudanaise sur les rails » et « appelle les forces armées à relâcher immédiatement les personnes retenues ». De nombreux manifestants protestent actuellement contre ces actes. L’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, parle d’arrestations « inacceptables ». Enfin, l’Union africaine demande une « reprise immédiate des consultations entre civils et militaires ».