A peine quelques heures après avoir annoncé la composition du nouveau gouvernement, le Premier ministre malien Moctar Ouane a été arrêté par les militaires. Quelques minutes plus tard, le président N’Daw aurait subi le même sort.
Selon l’AFP, le Premier ministre du gouvernement de la transition malien aurait été arrêté par des militaires. Cette arrestation survient à quelques heures de l’annonce du nouveau gouvernement. Plus tard, le président Bah N’Daw aurait été conduit, ainsi que son premier ministre, au camp militaire de Kati.
Il semblerait donc qu’un coup d’Etat soit en cours au Mali. Le Premier ministre Ouane a accusé le chef de la junte au pouvoir. En effet, dans un appel téléphonique passé à l’AFP, il a déclaré : « Je confirme, des hommes de Goïta sont venus me chercher pour me conduire chez le président qui habite non loin de ma résidence ». Il fait référence à Assimi Goïta, le vice-président du Conseil de la Transition, et chef des putschistes de facto.
Quelle est la raison du coup d’Etat ?
La raison du différend entre Goïta et les représentants du gouvernement civil serait la nomination du ministre de la Défense. En effet, Souleymane Doucouré, chef de l’aviation malienne, aurait pris la place du colonel Modibo, membre de la junte qui a renversé IBK.
De surcroît, le général Mamadou Lamine Ballo a remplacé Sadio Camara à la tête du ministère de la Sécurité et de la Protection Civile (Intérieur). Les deux ministres remplacés, proches de Goïta, avaient déjà exprimé leur hostilité à l’ingérence française.
Bah N’Daw, soumis à la pression de la France, aurait influencé Moctar Ouane à nommer Doucouré et Ballo, proches respectivement des Etats-Unis et de l’Allemagne. Goïta, mal-aimé par la France, aurait donc réagi face à ce contexte qui n’arrangerait pas, selon lui, les intérêts maliens.
Ce serait donc un nouveau coup d’Etat au Mali. Qui ne manquera pas de menacer encore plus la présence de Barkhane au Sahel.
#Mali – l’espoir broyé par les putschistes : Arrestation du président de la transition Bah Ndaw, du premier ministre Moctar Ouane et du nouveau ministre de la defense quelques heures après la proclamation du nouveau gouvernement Ouane 2 pic.twitter.com/T8Fhj2jTsz
— Séga DIARRAH (@segadiarrah) May 24, 2021
Le bilan de la provocation française
Ce coup d’Etat n’est pas sans rappeler celui qui a précipité la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Le 18 août 2020, il avait été arrêté avec son Premier ministre Boubou Cissé et enfermé au camp de Kati. Deux semaines plus tard, le président déchu avait subi un AVC. La junte a permis son hospitalisation aux Emirats arabes unis pendant trois mois. IBK est retourné à Bamako en octobre dernier, il vit toujours sous surveillance.
Malgré la fin humiliante de son mandat, IBK ne s’y est pas opposé. Il a déclaré vouloir éviter les effusions de sang. Le putsch a donc été accueilli par les Maliens comme une simple alternance politique. La France, dont l’armée est présente au Mali depuis des années, a contesté le changement. Assimi Goïta, le vice-président de la Transition, et homme fort de l’armée, a été lourdement critiqué par les médias occidentaux. La CEDEAO a soumis le pays à des sanctions économiques. Et la France a boycotté la junte, ne discutant qu’avec le gouvernement. Ce qui a aggravé l’hostilité entre la junte, populaire auprès des populations, et le gouvernement français. Lors de sa dernière visite au Mali, la ministre française des Armées, Florence Parly, a exhorté Bah N’Daw à « promouvoir le retour d’un gouvernement civil au Mali ».
Mali’s transitional president and PM reportedly taken to Kati Military Camp outside #Bamako. This comes hours after a new cabinet was named excluding two colonels, Sadio Camara & Modibo Koné, also key members of the junta that ousted President Keita in August last year. #Mali https://t.co/5veGSajpO0
— Abatoni (@abatoni) May 24, 2021