Gracié par Ouattara, Laurent Gbagbo ne pourra pas voter lors des prochaines municipales. Pas encore amnistié, l’ex-président ivoirien n’a pas encore recouvré ses droits civiques.
Le 2 septembre prochain, c’est en simple observateur de la vie politique ivoirienne que Laurent Gbagbo passera sa journée. Alors qu’il a été grâcié par le président Ouattara, Gbagbo attend toujours une loi d’amnistie. Car, les municipales approchant, Laurent Gbagbo a eu confirmation qu’il ne pourrait ni être candidat à une quelconque élection, ni même voter. L’ex-président ivoirien est en effet radié des listes électorales, et la grâce présidentielle n’y a rien changé.
Sa formation politique, le Parti des peuples africains (PPA-CI), déplore « la gravité de la situation ». Elle juge « injuste » le fait que pèse encore sur l’ancien président de Côte d’Ivoire une condamnation à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Gbagbo a fait monter au créneau ses cadres, qui demandent que celui-ci recouvre ses droits civiques et politiques.
Mais pour les élections municipales, le PPA-CI ne se fait aucune illusion. La Commission électorale indépendante (CEI) semble d’ailleurs elle-même gênée par la situation : « Le président Gbagbo a été radié de la liste électorale en 2020. Son avocat a saisi la Commission électorale pour nous demander des comptes. Nous leur avons expliqué qu’une décision de justice a été mise à la disposition de la Commission, laquelle stipule que le président Gbagbo est déchu de ses droits civiques et politiques. Le tribunal du Plateau les a déboutés. Voilà pourquoi il ne se trouve pas sur la liste », affirme simplement le président de l’instance, Ibrahim Kuibiert Coulibaly.
Et les protestations et boycotts du PPA-CI n’y changeront rien. Car c’est d’Alassane Ouattara que viendra, ou non, le salut de Laurent Gbagbo. Ce dernier s’estime cependant lésé, estimant que la privation de ses droits civiques et politiques ne lui a jamais été notifiée et n’apparaît dans aucune décision de justice. De plus, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a exhorté la Côte d’Ivoire à enregistrer Laurent Gbagbo sur les listes électorales.
Reste désormais à savoir si le PPA-CI prendra simplement acte de la décision de la CEI ou s’il entreprendra des actions, à commencer par un éventuel boycott du scrutin. Il s’agit désormais pour le parti de l’ex-président de la République de la jouer fine : « le PPA-CI ne va pas se laisser faire mais devra rester dans les clous pour espérer convaincre Alassane Ouattara de lancer un projet de loi d’amnistie », résume un observateur de la vie politique ivoirienne.