Alors que le président ivoirien Alassane Ouattara a gracié et remis en liberté provisoire plusieurs détenus, Guillaume Soro observe la situation de l’étranger.
Le président ivoirien Alassane Ouattara, dans un discours effectué la veille de la Fête de l’indépendance, a annoncé la libération de plusieurs dizaines de partisans de l’opposition. Le chef de l’Etat a accordé la mise sous contrôle judiciaire ou en liberté provisoire « de 69 inculpés détenus suite aux évènements survenus à l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2020 » et accordé « la grâce à neuf personnes condamnées pour des infractions commises à l’occasion de ces mêmes évènements ». S’il précise que « l’examen de la situation d’autres personnes encore détenues se poursuit », le président Ouattara semble s’être concentré sur les événements récents. Une semaine après sa rencontre avec Laurent Gbagbo, « ADO » ne s’est pas penché sur la demande de son prédécesseur, qui lui avait demandé un geste en direction de ses partisans emprisonnés après les violences post-électorales de 2011.
Face à Ouattara, Gbagbo a rapidement évoqué le cas de Soro
Le geste d’Alassane Ouattara doit-il être pris comme une tentative d’apaisement envers Henri Konan-Bédié, qui lui avait adressé, quelques heures plus tôt, un courrier dans lequel il écrivait que « l’ouverture d’un dialogue politique inclusif passe nécessairement par la mise en œuvre d’un projet de réconciliation vraie entre les Ivoiriens » ? Car parmi les détenus libérés se trouvent plusieurs militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) de Konan-Bédié, mais aussi un petit nombre de membres du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, et du mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) de Guillaume Soro. Alors que l’ancien Premier ministre a écopé de plusieurs peines de prison par contumace, Soro semble ne pas être prévu au programme de la réconciliation nationale voulue par Alassane Ouattara. Au risque de frustrer une partie de la population ?
Lors de sa rencontre avec Alassane Ouattara, l’ex-président Laurent Gbagbo aurait touché « deux mots » à propos de Guillaume Soro au chef de l’Etat. A son entourage, Gbagbo a cependant indiqué qu’il fallait procéder par étapes : le cas de Guillaume Soro, s’il doit être évoqué, ne le sera qu’après la libération des détenus suite aux violences post-électorales de 2011. Il faut dire qu’entre Gbagbo et Soro, ce n’est pas l’amour fou : l’ancien président de la Côte d’Ivoire a refusé que l’ex-Premier ministre lui rende visite aux Pays-Bas ou en Belgique. Guillaume Soro a cependant salué l’action de Laurent Gbagbo, qui tente depuis plusieurs jours de pousser Alassane Ouattara à libérer un maximum de prisonniers politiques. Condamné à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’État » et en exil, Soro suit donc les événements de loin. Tout en ne sachant pas s’il sera un jour concerné par une éventuelle grâce.
« Pour lui, ce sera la prison, aucun doute là-dessus ! »
« Ayez confiance en la volonté du chef de l’État de faire de son pays un havre de paix et de fraternité », répondait simplement Amadou Soumahoro, président de l’Assemblée nationale, au moment d’évoquer le cas Guillaume Soro. Une façon de botter en touche. Car du côté du palais présidentiel, la tendance est plutôt à une réconciliation nationale sans le fondateur du mouvement GPS. A l’aube de la présidentielle de 2020, Alassane Ouattara a opposé un non catégorique à un retour de Guillaume Soro. « Pour lui, ce sera la prison. Il n’y a aucun doute là-dessus. Il mérite la prison à perpétuité pour ce qu’il a fait », affirmait alors le président-candidat, qui reproche à son rival une tentative de coup d’Etat armé. Mais du côté de l’opposition, on penche pour une intégration de Guillaume Soro au processus de réconciliation : lors de sa rencontre avec Gbagbo, « HKB » a bien insisté sur ce point.
S’il a préféré effleurer le sujet sans s’attarder dessus, lors de son rendez-vous avec Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo a cependant, quelques jours plus tard, organisé une rencontre avec les familles des prisonniers politiques, dont certains sont membres du mouvement GPS. Le président a finalement apaisé les tensions en incluant des membres du parti de Guillaume Soro au décret signé lors de la Fête de l’indépendance. Mais Alassane Ouattara est encore loin d’entamer une discussion avec Soro. Cependant, Laurent Gbagbo — qui veut à tout prix faire libérer ses partisans du FPI — et Henri Konan-Bédié n’ont pas dit leur dernier mot. Le « Sphinx de Daoukro » espère une rencontre tripartite avec Ouattara et Gbagbo, lors de laquelle il évoquera sans aucun doute le cas de l’ex-président de l’Assemblée nationale. De son côté, Guillaume Soro publie désormais sur ses comptes officiels des messages d’apaisement, certain d’être une pièce maîtresse de la réconciliation ivoirienne.
Chers militants,sympathisants, allez par hameaux,campements, villages et villes et semez le GPS dans le cœur de chaque citoyen. Apaisez vos cœurs et prêchez la bonne parole de paix et d’amour! Ne vous lamentez point car je foulerai la terre ivoirienne dans la grâce de Dieu. #GKS. pic.twitter.com/aTutjYsuyz
— Guillaume K. Soro (@SOROKGUILLAUME) June 29, 2021