Le président ivoirien Alassane Ouattara a décidé de gracier Laurent Gbagbo, ce week-end. L’ancien chef de l’Etat peut désormais se concentrer sur la politique.
La présidentielle ivoirienne de 2025 est-elle définitivement lancée ? Le week-end dernier, lors des cérémonies commémorant les 62 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a annoncé avoir « signé un décret accordant la grâce présidentielle à M. Laurent Gbagbo ». Un acte fait, selon les mots du chef de l’Etat, « dans le souci de renforcer la cohésion sociale ».
Lors de l’élection présidentielle de 2020 et après la tenue du scrutin, la tension avait été palpable en Côte d’Ivoire. Et alors que Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale, avait émis son désir de revenir à Abidjan, Ouattara avait créé un poste de ministre de la Réconciliation nationale, en décembre 2020.
Un an et demi plus tard, donc, la décision d’« ADO » est plus que symbolique. Tout d’abord, elle participe à cette volonté affichée, de la part de Ouattara, de réconciliation. Les discussions entre Gbagbo et Ouattara ont, semble-t-il, abouti à cette volonté de la part du palais présidentiel de remettre les compteurs à zéro.
Gbagbo en route pour 2025
Malgré l’annonce d’Alassane Ouattara, cependant, il ne faut pas s’attendre à des actes d’amour entre le président et son prédécesseur. Lors de la grande parade de ce dimanche, à Yamoussoukro, Laurent Gbagbo n’était d’ailleurs pas présent, pourtant invité par Ouattara. Tout comme Henri Konan Bédié, d’ailleurs.
Outre son caractère symbolique, la grâce présidentielle écarte aussi toute possible sanction contre l’ancien président Gbagbo : alors qu’il encourait une peine de 20 ans de prison, prononcée alors qu’il était déjà dans les geôles de la CPI, Gbagbo ne risque plus rien en Côte d’Ivoire. Même s’il n’avait, de toute façon, jamais été inquiété par les forces de l’ordre depuis son retour au pays.
Financièrement, c’est un soulagement pour Gbagbo. Il sera, selon Ouattara, « procédé au dégel de ses comptes et au paiement de ses arriérés de rentes viagères ». Pendant de longs mois, la question de l’indemnité due aux anciens présidents, non versée jusqu’à là, avait été l’objet des discussions entre les camps Ouattara et Gbagbo.
Mais ce qui est important, c’est que Laurent Gbagbo pourra vraisemblablement participer à la prochaine présidentielle de 2025. Après le lancement, en octobre 2021, du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo et ses lieutenants ont d’ores et déjà affiché leurs ambitions : l’ancien président ivoirien veut toujours compter dans la vie politique de son pays. Entre Ouattara, Bédié et Gbagbo, respectivement âgés de 80, 88 et 77 ans, la bataille a débuté par des discussions amicales. Mais l’on devrait rapidement assister à une véritable opposition politique entre les trois hommes.