Alassane Ouattara a décidé d’éloigner Adama Bictogo, un ex-fidèle, de la direction du RHDP. Le chef de l’Etat ivoirien vient de créer un « comité de restructuration » du parti. Avec 2025 en ligne de mire.
Le Rassemblement pour les Houphouëtistes et la démocratie (RHDP) est-il en pleine crise interne ? Alors que l’opposition se met déjà en marche pour 2025 et que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) espère bien reprendre le pouvoir à Alassane Ouattara lors de la prochaine présidentielle, le RHDP se restructure. Esseulé depuis l’année dernière, après les décès d’Amadou Gon Coulibaly, son dauphin désigné, et de Hamed Bakayoko, son Premier ministre, Ouattara pouvait dernièrement compter sur Adama Bictogo, directeur exécutif du RHDP. Mais selon toute vraisemblance, entre son lieutenant et le président de la République, les relations seraient de plus en plus houleuses.
Tout semble être parti de la volonté de Bictogo de vouloir prendre une certaine indépendance vis-à-vis de la présidence de la République. Selon Alassane Ouattara, son directeur exécutif de parti aurait une tendance exagérée à s’ingérer dans les affaires du gouvernement. Or, lui a signifié « ADO », Adama Bictogo ferait mieux de se concentrer sur le RHDP, qui n’est pas franchement au mieux à quatre ans de la présidentielle. Le parti au pouvoir a en effet perdu 30 sièges à l’Assemblée nationale lors des dernières législatives.
Le 15 septembre dernier, d’après Jeune Afrique, le président ivoirien aurait réuni Adama Bictogo et Patrick Achi, mais également son frère et ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, son secrétaire général à la présidence Abdourahmane Cissé, la ministre des Affaires étrangères Kandia Camara et son conseiller spécial Ibrahim Bacongo. A l’ordre du jour de la réunion, la réorganisation du RHDP. « ADO », lors de ce rendez-vous, a reproché à Bictogo de convoquer des ministres sans en référer à Patrick Achi.
Trois nouveaux fidèles aux commandes du RHDP
Adama Bictogo devrait être tenu de plus en plus éloigné des affaires internes du gouvernement. Le frère d’Alassane Ouattara a lancé la première salve de reproches envers le directeur exécutif du RHDP avant qu’« ADO » n’en remette une nouvelle couche ces derniers jours. Autrefois considéré comme l’homme au cœur du système Ouattara, Bictogo est tombé en disgrâce. Et Alassane Ouattara a promis de revoir totalement la direction de son parti, dans lequel le courant Achi devrait avoir une place plus importante.
Si Adama Bictogo a encensé le chef de l’Etat le 19 septembre dernier, lors du meeting de rentrée de la Jeunesse unie pour la nouvelle Côte d’Ivoire, exhortant le président à briguer un quatrième mandat, le torchon a fini de brûler entre les deux hommes. En effet, Alassane Ouattara aurait déjà pris la décision de nommer Bictogo à un autre poste et aurait déjà acté la réorganisation du RHDP par d’autres lieutenants.
Selon Africa Intelligence, trois des fidèles du chef de l’Etat vont reprendre la main sur le parti au pouvoir. « ADO » a en effet mis sur pied un « comité de restructuration ». Les dirigeants de ce comité sont Cissé Bacongo, Kafana Koné et Ally Coulibaly, respectivement ministre chargé des Affaires étrangères, ministre chargé des relations entre les institutions et ex-ministre des Affaires étrangères.
Trois désignations qui sonnent le glas pour Adama Bictogo. A quatre ans de la présidentielle, que cherche Alassana Ouattara ? Si sa priorité est de remettre en ordre de marche le RHDP, le président garde également en tête la volonté des parlementaires d’inscrire une limite d’âge dans la loi électorale. Si les élus arrivent à leurs fins, il lui faudra trouver un jeune successeur. Or, depuis le décès d’Amadou Gon Coulibaly, « ADO » a peu de marge de manœuvre : il s’est, ces dernières années, isolé et n’a jamais eu de plan B concernant un potentiel dauphin. S’il veut trouver le successeur idéal, Ouattara doit pouvoir compter sur un parti fort et bien organisé. Sans Bictogo, donc.