Paul Biya, à la tête du #Cameroun depuis 39 ans, est confronté à un cycle infini de problèmes insolubles. Entre les ambassades vandalisées par la diaspora et les critiques de son règne sanguinaire, peut-il remonter la pente ?
Depuis la démission d’Ahmadou Ahidjo en 1982, le président du Cameroun Paul Biya a empiété toutes les normes nationales et internationales. Entre violations des droits de l’homme, séquestration des religieux, journalistes, syndicalistes, activistes, opposants ; les exécutions sommaires, la petite corruption, le détournement de fonds publics, le suivisme de la France, les crimes de guerre et la répression des revendications indépendantistes, le Cameroun a littéralement la mauvaise image qui a duré le plus longtemps en Afrique.
Face à ces faits, il serait difficile de légitimer les actions du gouvernement camerounais. Le pays est complètement isolé dans la sous-région. Son unique allié est la France. Où le Cameroun se distingue par 60% des revenus de l’ancienne Afrique-Equatoriale française.
Certes, l’appui français a permis à Paul Biya d’échapper aux critiques des médias en France. Toutefois, la répression meurtrière de l’élan indépendantiste dans l’ancien Cameroun du sud commence à attirer de plus en plus d’attention.
En effet, depuis l’emprisonnement du chef historique des sécessionnistes de la République d’Ambazonie, Sisiku Julius Ayuk Tabe, l’Etat camerounais ne voit plus la fin des violences. Pendant ce temps, une guerre de succession fait rage, entre le fils du président Paul Biya, Franck, et la Première dame Chantal Vigouroux.
L’Ambazonie, un combat pour l’indépendance contre un Etat meurtrier
La « crise anglophone du Cameroun », comme l’appellent les journaux français, est une guerre entre opprimés et oppresseurs. Après 39 ans avec Biya à la tête du pays, et 41 ans de revendications pacifique par « le peuple d’Amba Land », les choses ne font que de se détériorer.
L’histoire de la République d’Ambazonie est séculaire. Le Cameroun a été un territoire fédéral du début du XXe siècle à 1984. C’était en cette année que Paul Biya a décidé d’éliminer toute possibilité d’indépendance de l’Ambazonie. Depuis, les régions camerounaises anglophones, au Sud-Ouest et l’extrême Sud, n’ont connu que la violence de l’armée de l’Etat.
Julius Tabe, premier président de la République d’Ambazonie, a décidé en 2017 de déclarer l’indépendance de son Etat. Alors, l’armée a pris d’assaut le territoire enclavé entre le Cameroun et le Nigéria. Des centaines de civils sont morts entre 2017 et 2018. Plus de 500 000 personnes se sont retrouvées sur les routes, dont une majorité a traversé la frontière vers le Nigéria, dont Tabe.
Ensuite, Julius Tabe etles autres leaders ambazoniens ont été arrêtés au Nigéria et extradés vers le Cameroun. Après de nombreux délais dans le jugement de Tabe, sur fond de son rejet de la nationalité camerounaise, un début de solution a été atteint en 2019.
Cependant, Paul Biya a refusé d’amnistier les dirigeants ambazoniens. La justice nigériane a alors exigé le renvoi de Tabe vers le Nigéria, afin de l’amnistier. Toutefois, le chef s’est entêté à continuer la lutte pour l’indépendance de l’Ambazonie. Ce qui lui a valu le jugement d’août 2019 de réclusion à perpétuité.
Dès lors, les populations camerounaises anglophones sont en révolte. Toutes les semaines, l’armée fait des raids sur leurs territoires et commet des massacres. Pourtant, Biya semble déterminé à continuer la guerre civile.
La guerre de succession de Paul Biya, Franck et Chantal à la poursuite du pouvoir
Toutefois, Paul Biya a d’autres soucis à régler. Le Cameroun a perdu tout poids diplomatique depuis des années. Même pour une affaire supposée éloignée de la politique comme le football, la confirmation de la tenue de la CAN au Cameroun est toujours menacée. C’est dire à quel point l’Etat camerounais est désemparé. Pour raison, bien que le soutien français et l’enrichissement illicite permettent à Biya de tenir encore le pays, des conflits internes s’annoncent.
Sur le plan diplomatique, l’action de la diaspora en Europe a envenimé la relation entre Biya et ses alliés européens. Incapable de s’attaquer à la France, il a « exprimé sa vive préoccupation » à l’ambassadeur belge… La raison : les attaques incessantes contre les chancelleries, résidences, ambassades et autres bâtiments de l’Etat camerounais à l’étranger.
Néanmoins, l’étau se resserre autour du long règne de Paul Biya, à domicile. Sa femme Chantal élargit son influence dans le pays depuis deux décennies. Et son influence est indéniable. Proche des sénateurs, elle a aussi une mainmise totale sur le parti au pouvoir, le RDPC. Chantal Biya est aussi proche des organes onusiens. Malgré le fait qu’elle commandite ses propres actes de répression, à l’instar de l’écrivain Bertrand Teyou, mort début 2020.
D’un autre côté, le dauphin plus notoire de Paul Biya, son fils Franck, s’est longtemps opposé à la Première Dame. Il reste toutefois le favori du président, et plus intégré dans les sphères de l’Etat. Il serait très proche du directeur du cabinet du président, Samuel Mvondo Ayolo. Homme d’affaire, il contrôle totalement l’empire industriel et financier de la famille. Franck Biya est aussi très proche des banques africaines, notamment la BEAC et la BAD. La presse internationale le promeut comme le prochain président du Cameroun.