Dans une lettre ouverte à l’administration pénitentiaire béninoise, Reckya Madougou estime être victime d’un traitement spécial en prison.
« Dans quel Etat de droit un prisonnier est interdit de téléphoner même à ses enfants et à son médecin traitant quand il est souffrant, et sans tenir compte de la loi ? » L’ancienne ministre et ex-candidate à la présidentielle béninoise, Reckya Madougou, estime être la victime d’un traitement particulièrement dur depuis sa cellule. Emprisonnée depuis désormais trois ans, l’ancienne Garde des Sceaux estime que ce traitement lui est particulier : « Je suis la seule à endurer à la prison de Missérété » cette privation des droits élémentaires, estime-t-elle.
Condamnée à vingt ans de prison, Reckya Madougou a déjà, à plusieurs reprises, indiqué être enfermée dans des conditions particulièrement difficiles. D’où la publication, sur ses réseaux sociaux, d’une lettre ouverte adressée au directeur général de l’Agence pénitentiaire du Bénin (APB). Les mots sont à la hauteur du désarroi : « Vous violez abusivement, et de manière discriminante, depuis trois ans, mes droits élémentaires, y compris celui de téléphoner à mes enfants. Tandis que tous les détenus, même ceux ayant du sang sur les mains en jouissent au quotidien » écrit-elle notamment.
Reckya Madougou a d’ailleurs, « encore en mémoire cette veille de l’examen du brevet des collèges courant juin 2023. Bien qu’étant dans mes droits, j’ai supplié vos collaborateurs de me permettre de passer un appel à mon fils pour lui dire à quel point je l’aime et lui conseiller d’être mentalement fort pour aborder ce tournant de ses études, comme tout parent le prodigue à sa progéniture à l’approche des examens scolaires. J’ai suggéré à mes geôliers d’être présents pendant l’appel pour suivre la conversation s’ils le désiraient ». Ce qui lui avait été refusé.
« J’ai eu tort de croire en un quelconque humanisme chez vous me concernant », indique l’ex-ministre au directeur de l’APB. Reckya Madougou indique également qu’elle a beau alerter sur ses problèmes de santé, l’accès à son médecin reste quasiment impossible. Encore une fois, la détenue assure être la seule à être victime de ces restrictions.
Pire, elle assure, preuves à l’appui, « qu’un agenda spécial de torture (lui) est particulièrement dédié ». Assurant enfin n’avoir accès qu’à un poste de radio quand d’autres détenus ont le droit à des « climatiseurs individuels, réfrigérateurs, congélateurs, postes téléviseurs avec accès aux chaînes internationales, fours à micro-onde, consoles de jeux vidéo… »