Patrice Motsepe et Gianni Infantino se sont rendus en Arabie saoudite, où ils ont rencontré le prince héritier Mohammed Ben Salmane. Le royaume semble vouloir investir dans le football africain.
En avril dernier, lors de 43e assemblée générale ordinaire de la Confédération africaine de football (CAF) à Rabat, Yasser Al-Mashal, président du conseil d’administration de la Fédération d’Arabie saoudite de football (SAFF), avait félicité Patrice Motsepe pour son élection à la présidence de la CAF. Il en avait profité pour lui glisser un message de la part de ses dirigeants : l’Arabie saoudite se verrait bien collaborer avec la CAF. Al-Mashal avait alors proposé au Sud-Africain de se rendre à Riyad.
Patrice Motsepe s’est finalement rendu en Arabie saoudite, accompagné d’un habitué du palais royal : Gianni Infantino. L’Italo-Suisse voyage en effet régulièrement dans le royaume wahhabite. Et ce malgré les polémiques quant à ses fréquentes visites au prince héritier Mohammed Ben Salmane. En janvier dernier, le président de la FIFA avait été repris de volée par Amnesty International après la diffusion d’une vidéo dans laquelle on entendant Infantino dire à quel point « beaucoup de choses ont changé » en Arabie saoudite.
How many times a year Gianni Infantino visits Saudi Arabia ? He’s more present in Riyadh than the Swiss ambassador himself https://t.co/0aJKlDUCMs
— Romain Molina (@Romain_Molina) August 10, 2021
« Il devrait être parfaitement clair pour tout le monde à la FIFA que l’Arabie Saoudite tente d’utiliser le glamour et le prestige du sport comme un outil de relations publiques pour détourner l’attention de son bilan épouvantable en matière de droits humains », avait alors déploré l’ONG dans un communiqué de presse assassin envers le président de la Fédération internationale de football, à qui elle demandait d’éclaircir sa position sur le royaume wahhabite.
Après l’Asie, l’Afrique sera-t-elle le futur eldorado saoudien ?
Ce mardi 10 août, Gianni Infantino était donc bien présent à Riyad avec Patrice Motsepe, preuve de l’influence du premier sur le second. Le patron de la CAF avait cependant une simple place de spectateur, « MBS » et Infantino ayant, eux, joué les premiers rôles. Mais qu’importe : le président de la FIFA partage ses réseaux avec le Sud-Africain. En vue d’investissements saoudiens en Afrique ? L’objectif du royaume et sa stratégie sont tout cas assez claires : rayonner sur toute la planète du ballon rond en injectant de l’argent. En mars et en avril derniers, l’Arabie saoudite a signé, avec la Confédération asiatique de football deux accords — en tant que sponsor, avec NEOM, et en tant que diffuseur — pour les années à venir.
L’Afrique verra-t-elle l’Arabie saoudite investir dans ses compétitions ? Patrice Motsepe a en tout cas décidé de ne pas contrarier le royaume saoudien : le Sud-Africain, en mai dernier, s’est dit favorable à une éventuelle réforme de la Coupe du monde. Une réforme portée par Riyad, qui a réussi en mai à obtenir de la part de la FIFA la réalisation d’une étude sur l’impact sportif et financier d’une Coupe du monde bisannuelle. Le nouveau président de la CAF y voit « une opportunité pour les pays africains » d’accueillir la compétition.
En se rendant à Riyad avec Infantino, Motsepe a en tout cas laissé la porte ouverte à de futurs investissements saoudiens en Afrique. Une stratégie de « soft power » sportif que l’Arabie saoudite tente de mettre en place depuis plusieurs années, dans le cadre du plan Vision 2030, lancé en 2016 par le prince héritier Mohammed Ben Salmane. Outre des compétitions de boxe, de cyclisme ou l’obtention de l’organisation du rallye Dakar, Riyad met l’accent sur le football. Le royaume a déjà accueilli les Supercoupes d’Espagne et d’Italie. Après l’investissement asiatique, la prochaine étape du « soft power » sportif saoudien aura-t-elle lieu en Afrique ?