Le dialogue national inclusif, prévu pour le 10 mai prochain au Tchad, a été reporté à une date ultérieure, faute d’accord avec les groupes politico-militaires tchadiens.
Voilà qui ressemble à un dialogue de sourds. Alors que devait débuter le dialogue tchadien de réconciliation, celui-ci a finalement été reporté par les autorités locales. Un fiasco supplémentaire après un « pré-dialogue » qui avait débuté en mars dernier au Qatar, sans jamais réellement commencer.
Le 13 mars, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), le groupe rebelle accusé, entre autres, du meurtre de l’ancien président Idriss Déby Itno, avait décidé de claquer la porte des pourparlers avec le pouvoir tchadien, accusant notamment Doha d’avoir une position ambigüe. Quelques jours plus tard, alors qu’il avait repris, le « pré-dialogue » avait à nouveau été reporté.
Ce qui devait être un « dialogue national inclusif », prévu à partir du 10 mai, a donc lui aussi été renvoyé à une date ultérieure. Sans, pour autant que le ministre tchadien des Affaires étrangères n’annonce cette date. Selon celui-ci, ce report fait suite à un « accord des plus hautes autorités de la Transition pour un report du dialogue national inclusif ». Une nouvelle date sera avancée, sous peu, après « consultation avec les institutions et les acteurs politiques pertinents », a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene.
Pas d’accord, pas de dialogue
On semble être loin d’un consensus entourant cette opération, décidée à la fin de l’année dernière. En effet, le 31 décembre 2021, Mahamat Déby avait annoncé en grande pompe la tenue d’un dialogue national inclusif, qui devait débuter mi-février. Depuis, les quiproquos s’enchaînent alors que le dialogue devait permettre d’adopter une nouvelle constitution par voie référendaire et des élections générales « transparentes, libres, crédibles et démocratiques ».
Un report qui doit beaucoup au Qatar. Selon les autorités tchadiennes de Transition, c’est en effet Doha qui aurait demandé de retarder le dialogue national. L’Etat du Golfe a demandé que ce report puisse « permettre aux négociations en cours à Doha avec les politico-militaires de déboucher sur un accord », affirme Chérif Mahamat Zene.
Le 20 avril dernier, le ministre tchadien des Affaires étrangères s’était inquiété de la situation. « Faute d’un accord avec les politico-militaires avant le 10 mai, (…) l’option de leur participation au dialogue national inclusif parallèlement au ‘pré-dialogue’ de Doha pourrait être explorée sous quelques conditions », avait-il écrit sur Twitter avant d’assurer que « le gouvernement ne veut exclure personne du dialogue national inclusif ».