Le vice-président kényan William Ruto est devenu président du pays, selon les résultats officiels. Mais des opposants et des membres de la Commission électorale rejettent ces résultats.
La présidentielle kényane ne devait être qu’une promenade de santé pour l’opposant Raila Amolo Odinga, favori du scrutin notamment grâce au soutien du président sortant Uhuru Kenyatta. Face à lui se dressait un seul obstacle : le vice-président William Ruto. C’est finalement ce dernier qui a remporté le combat électoral.
C’est en effet l’ancien vice-président d’Uhuru Kenyatta qui a été déclaré vainqueur de la présidentielle, selon les résultats publiés par la Commission électorale indépendante. William Ruto a en effet réuni 50,49 % des suffrages exprimés, contre 48,86 % pour « RAO ». L’opposant attendant son heure depuis de nombreuses années, il semble désormais poussé vers la sortie après cette défaite.
Certes, la participation n’a pas été aussi bonne que lors des précédentes présidentielles — 65 %, en baisse de 13 points par rapport à 2017. Mais les deux candidats ont réuni environ 14 millions de voix sur les 22 millions d’électeurs qui devaient se rendre aux urnes. Pour les autres candidats, il n’est resté que quelques miettes.
Un scrutin pas si transparent ?
William Ruto a d’ores et déjà fêté sa victoire. Il faut dire que celle-ci est symbolique : jamais un Kalenjin — une communauté vivant autour de la vallée du Grand Rift, à l’ouest du Kenya — n’avait obtenu la magistrature suprême dans ce pays.
Autrefois allié du dictateur Daniel arap Moi, William Ruto, avait formé une coalition hybride en vue de la présidentielle. Mais il promet que, malgré sa victoire, il travaillera « avec tous les leaders » politiques du pays. Reste à savoir si Raila Odinga fera partie de ceux-ci. Pour le nouveau président kényan, « il n’y a pas de place pour la vengeance ». Un message adressé à Kenyatta, son ancien allié, avec qui il s’est brouillé.
En attendant que William Ruto prenne ses fonctions, le pays connaît quelques remous. La faute à la contestation, de la part de la nouvelle opposition, aux résultats déclarés. L’on craint aujourd’hui des violences post-électorales, comme cela avait été le cas en 2017 mais également dix ans auparavant.
Déjà, des manifestations ont débuté. Des partisans de Raila Odinga sont sortis dans la rue et contestent la victoire de Ruto. Un sentiment d’injustice confirmé par l’attitude de plusieurs membres de la Commission électorale : quatre d’entre eux — sur les sept que compte la commission — avaient, avant la publication des résultats, annoncé qu’ils rejetteraient ces mêmes résultats, parlant d’« opacité » dans le processus de dépouillement.