Au Bénin, alors que Recky Madougou, entre autres, est toujours détenue, le parti Les Démocrates a entamé de nouvelles discussions avec le président Patrice Talon.
Ce lundi, le palais de la Marina, à Cotonou, a vu débarquer Éric Houndété, le patron du parti d’opposition Les Démocrates. Alors que Boni Yayi, l’ancien président, s’était déjà rendu sur place pour discuter avec Patrice Talon, c’est un nouvel interlocuteur qui, cette fois, s’y colle. Comme d’habitude, il a été question de la détention, jugée arbitraire par Les Démocrates, de Reckya Madougou. Mais à quoi servent donc ces pourparlers si l’opposante est toujours emprisonnée ?
En réalité, Les Démocrates jouent sur plusieurs tableaux. La discussion, selon RFI, entre Patrice Talon et Éric Houndete a duré plus d’une heure. Le parti a donc été au-delà du simple dossier Madougou. Houndete a notamment demandé au chef de l’État de revoir la loi sur le choix du chef de file de l’opposition, actuellement décidé par le président lui-même.
Le dossier Madougou a ensuite été longuement discuté. Les détentions de l’opposante, mais également de Joël Aivo, exaspèrent toujours Les Démocrates. Le président aurait répondu à Houndete « que les services judiciaires étaient à pied d’œuvre pour faire en sorte que ces questions soient réglées ». Si le chef de file de l’opposition se dit insatisfait, il assure rester « optimiste par rapport à ces questions-là ».
Reste que Les Démocrates ont déposé, le mois dernier, une proposition de loi d’amnistie. Le président d’honneur de la formation, l’ex-président Boni Yayi, avait déploré l’isolement Reckya Madougou et demandé sa libération sans conditions.
Alors que le parti Les Démocrates a présenté sa proposition de « loi spéciale » d’amnistie, c’est à l’Assemblée que tout se jouera. Car en visant les « personnalités politiques en prison » et « les personnalités politiques béninoises en exil », le parti sait pertinemment que Patrice Talon est prêt à faire un geste pour les opposants, mais que Reckya Madougou et Joël Aivo ne sont pas concernés par les mesures d’apaisement de Talon.
Les Démocrates s’appuient pourtant sur des recommandations faites par les Nations unies, qui demandent la libération de Reckya Madougou. Si les discussions ont, selon Houndete, été constructive, la loi d’amnistie pourrait ne jamais voir le jour : le parti de Patrice Talon est en effet majoritaire au parlement et on imagine mal l’Assemblée voter une loi qui ne plairait pas au président.