C’est l’invité-surprise du scrutin présidentiel du 24 mars prochain. Bassirou Diomaye Faye, a été désigné au pied levé pour remplacer Ousmane Sonko comme candidat du mouvement Patriotes. Inconnu du grand-public, réputé pour sa violence verbale et ses sorties outrancières, le jeune inspecteur des impôts de 43 ans semble bien décider à mettre le feu à la campagne présidentielle… au risque d’être désigné comme le candidat du populisme.
Un complot pour l’éliminer politiquement. Voici comment le leader des Patriotes (ex-PASTEF) Ousmane Sonko explique le choix du Conseil Constitutionnel d’invalider sa candidature à l’élection présidentielle sénégalaise. Il est détenu depuis fin juillet pour « appel à l’insurrection », condamné à deux ans d’emprisonnement dans une affaire de mœurs, et, in fine, rendu inéligible à cause d’une condamnation pour diffamation contre un ministre.
Le chef du mouvement Patriotes a donc désigné son Dauphin pour le remplacer dans la course à la présidence : Bassirou Diomaye Faye. Si cet inspecteur des impôts inconnu du grand public n’affiche aucune expérience politique, il mise sur les célèbres méthodes de son mentor, axées sur la démagogie et le populisme pour « faire le buzz »… Une méthode qui rappelle celle de Donald Trump aux Etats-Unis ou de Marine Le Pen en France.
Bassirou Diomaye Faye relaie le message complotiste, démagogique, populiste et antisystème d’Ousmane Sonko. Il n’hésite pas à jouer sur l’outrance rhétorique, les attaques personnelles et le « tous pourris » pour convaincre les électeurs, surtout les plus jeunes qu’il faut « sortir les sortants ». Et tant pis s’il n’a pas de solution alternative crédible à proposer, comme en atteste le fait que 80% de ses militants reconnaissent qu’il ne serait pas prêt à gouverner le Sénégal avant 4 ans.
Bassirou Diomaye Faye prône le panafricaniste souverainiste et social, et critique le pouvoir, la corruption des élites et l’emprise exercée par l’ex-puissance coloniale française. De plus, il partage un discours teinté de conservatisme religieux, tout en entretenant des liaisons troubles avec l’idéologie salafiste. Autant de thématiques qui parlent à une frange déshéritée de la jeunesse sénégalaise.
Avec cette stratégie, le bras droit d’Ousmane Sonko peut inciter à la défiance contre les opposants politiques et les institutions étatiques démocratiques. Les propos menaçants envers certains groupes de la société sénégalaise peuvent aussi alimenter la violence et les actes de discrimination. Aussi, l’utilisation d’un langage incendiaire et d’une rhétorique émotionnellement chargée exacerbe les tensions sociales et crée un climat de peur et d’intimidation.
Cette méthode peut aussi contribuer à la polarisation de la société sénégalaise en divisant les gens en « eux » et « nous ». Cela nuit au dialogue et à la compréhension mutuelle, et rend plus difficile la recherche de solutions communes aux nombreux problèmes du pays.
La campagne de Bassirou Diomaye Faye risque aussi d’exacerber les tensions ethniques et religieuses. Le Sénégal est réputé pour son Islam tolérant et pour sa capacité à faire coexister pacifiquement toutes les croyances. Le candidat des Patriotes doit veiller à ne pas faire vaciller l’équilibre du Sénégal, seul pays stable dans une région sujette à divers enjeux majeurs.