Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a réitéré son refus de recourir à l’endettement extérieur, et au FMI. Il met en avant un contexte économique favorable.
Lors d’une réunion du Conseil des ministres, le dimanche 25 juillet, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a renouvelé la position de l’Etat quant aux échéances du Fonds monétaire international (FMI). En effet, l’instance financière avait, pour la troisième fois depuis la chute de Bouteflika, fixé la date d’échance des demandes de prêts pour la fin de l’année 2021. D’ores et déjà, l’Algérie a exclu tout recours à l’aide du FMI. L’Etat considère en effet qu’emprunter à l’institution de Bretton Woods serait un risque pour sa souveraineté financière. Pour Abdelmadjid Tebboune, l’adage de l’écrivain Alphone Allais, « Dans la vie, il ne faut compter que sur soi-même », est plus que jamais d’actualité : « Rien que le travail peut pérenniser ce principe » de souveraineté, a résumé le président algérien.
L’Algérie se passe généralement de l’endettement étranger en raison d’une réserve de change conséquente. Malgré la chute des réserves depuis l’avènement de la crise sanitaire de la Covid-19 et les crises pétrolières successives, les finances algériennes tiennent toujours : en mars dernier, l’Algérie estimait ses réserves à un niveau oscillant entre 42 et 43 milliards de dollars.
En asseyant sa souveraineté financière, l’Algérie a également pris des mesures peu populaires en direction des entreprises étrangères, en augmentant les taxes des groupes auxquels l’Etat est associé. Deux d’entre elles — la société néerlandaise Veon et la major pétrolière British Petroleum — ont menacé, en mai dernier, de se retirer du marché algérien. Ce qu’elles ont fait, avant d’être rapidement remplacées par d’autres investisseurs : les actions de Veon dans Ominium Télécom Algérie ont été rachetées par Djezzy fin juin et British Petroleum, dont 6 % des bénéfices allaient dans les caisses de l’Etat, a vu ses contrats d’exploitation rachetés par la major italienne ENI.
Le FMI et Alger en désaccord concernant la situation économique
Du côté des matières premières, l’Algérie enregistre également une nette amélioration des chiffres : le cours du baril de pétrole a doublé depuis novembre dernier.
L’inflexibilité de la politique financière de l’Algérie — troisième producteur de pétrole en Afrique, l’un des rares pays à ne pas enfreindre les quotas de l’OPEP — semble payer. Alger évite ainsi de passer par la case FMI. Pour l’Etat algérien, le refus d’un endettement extérieur montre la volonté du pouvoir de miser sur une politique de souveraineté. Et bien que le budget du secteur public algérien ait atteint un déficit de 10 % en 2020, les indices financiers sont plutôt encourageants pour cette année 2021. Le PIB est à la hausse et pourrait, selon les prévisions, atteindre 188 milliards de dollars en 2021.
De son côté, le FMI continue de mettre en garde Alger. Dans un rapport publié le 11 avril dernier, l’institution financière estimait que, « faute de réformes et de diversification de son économie trop dépendante des hydrocarbures, (l’Algérie) semble abonnée à une croissance médiocre ». En Conseil des ministres, Abdelmadjid Tebboune a répondu à sa manière à l’institution de Bretton Woods : l’immixtion du Fonds monétaire international dans la politique financière algérienne ne sera pas pour cette année.