La guerre au Soudan intéresse encore les médias du monde entier. Mais depuis le début du conflit, la couverture médiatique semble de moins en moins importante. Que faut-il faire pour que le Soudan ne tombe pas dans l’oubli ?
Tchad, Soudan du Sud, Égypte… Des centaines de Soudanais fuient encore et toujours le Soudan. Mais dans les journaux, l’euphorie médiatique des débuts de la guerre a laissé place à des articles de plus en plus éparses. Pourtant, le conflit risque bien de reprendre de façon encore plus violente dans les heures à venir, après l’échec des pourparlers entre les deux camps. Et avec les violences, c’est toute une population qui risque le pire : « Toute la sécurité alimentaire du pays et de ses environs » est menacée, selon l’Organisation arabe pour le développement agricole.
Mais entre la crise au Tigrée et celle au Soudan du Sud, on imagine aisément que la guerre soudanaise tombera dans l’oubli dans quelques mois… À l’est du pays, le silence médiatique a, longtemps, été assourdissant. Et ce malgré les milliers de victimes et de déplacés dans le Darfour. Au sud également. Il y a deux ans, la mission onusienne de l’UNOPS estimait que « la crise des réfugiés au Soudan du Sud est largement oubliée ».
Alerter pour aider les populations
L’association CARE, qui lutte contre les inégalités, recense chaque année « les crises humanitaires oubliées » en analysant des milliers de données. Et force est de constater que l’Afrique intéresse de moins en moins les médias internationaux — même si ceux-ci sont en guerre. « Pour la première fois depuis la publication de ce rapport, ces 10 crises les moins médiatisées se situent toutes en Afrique », déplore CARE.
L’association veut « inviter le public et les médias à réfléchir leurs choix, dans ce qu’ils décident de mettre à la une ou dans l’information qu’ils consomment. Car d’une certaine manière, nous avons toutes et tous notre rôle à jouer ». Et les conséquences de l’oubli sont terribles. En République centrafricaine, en Éthiopie ou encore en RDC, la guerre fait rage et les pays sont généralement obligés de se débrouiller seuls, ou avec des unités onusiennes. En parler, c’est provoquer une arrivée massive d’aides : l’escalade du conflit en Ukraine, indique l’ONG, « a été énormément relayée par les médias, ce qui a entrainé un élan de générosité incroyable ».
Pour les populations soudanaises, mieux vaut donc que le conflit qui oppose Dogolo et al-Burhane soit médiatisé le plus longtemps possible. Car si les combats ont déjà fait plus de 1 800 morts et 1,5 million de réfugiés et de déplacés, le bilan ne pourra que s’alourdir à l’avenir. Que faut-il espérer pour que les images du Soudan soient toujours à la une des journaux ? La communauté internationale a un rôle à jouer. On l’a vu : à chaque fois qu’elle n’a pas réussie à être active pour résoudre des conflits, ces derniers sont tombés dans l’oubli.