Créé pour empêcher une révision constitutionnelle, le FNDC s’est tour à tour opposé à Alpha Condé et au régime militaire actuellement au pouvoir, qui l’a interdit. Hier, le FNDC a organisé une manifestation dans les rues de Conakry.
En Guinée, le départ d’Alpha Condé du pouvoir n’a visiblement pas mis fin aux actions du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Après la modification constitutionnelle de mars 2020, le FNDC s’était mué en mouvement d’opposition au président guinéen, dont il dénonçait les velléités de troisième mandat. En septembre 2021, un putsch chassait Alpha Condé du pouvoir. Un an et demi plus tard, le FNDC s’est concentré sur de nouveaux combats. Et a une nouvelle fois parler de lui ce jeudi.
Avec une soixantaine d’interpellations et autant de blessés, la manifestation organisée hier par le FNDC a donné lieu à des violences. Une manifestation qui avait été interdite par les autorités de transition et qui avait nécessité la réquisition de l’armée. Autant dire qu’il fallait s’attendre à des débordements. Des journalistes auraient également été pris pour cibles par les forces de l’ordre. Le FNDC indique que deux personnes sont mortes.
Des objectifs qui ont évolué
Malgré son interdiction, le FNDC semble encore avoir une certaine influence. Il a réussi à mobiliser dans les quartiers de la banlieue de Conakry, de Kagbélen à Sonfonia, en passant par Cosa et Bambéto. Après la modification constitutionnelle, le FNDC assurait que son « objectif n’a pas changé », demandant un retour à la Constitution de 2010. Ibrahima Diallo, responsable des opérations au sein du mouvement, demandait surtout « le départ du président Alpha Condé ». Ce qui est chose faite. Alors, le FNDC a-t-il d’autres revendications ?
En réalité, le mouvement s’est transformé au fil du temps. S’il a trouvé sa raison d’être dans l’organisation du controversé référendum constitutionnel, il est petit à petit emparé des revendications sociales des Guinéens. La flambée des prix des denrées alimentaires, le chômage ou la corruption… Le FNDC est devenu une sorte de syndicat.
Avant cela, il s’était débarrassé de sa frange politisée. Les partis politiques qui avaient intégré le FNDC ont été exclus et cantonnés au statut d’observateurs, perdant leur poids dans les décisions prises au sein du FNDC. Le FNDC ne voulait plus subir les incohérences des mouvements politiques, après que certains leaders de l’opposition s’étaient rapprochés du président Alpha Condé.
Force est, aujourd’hui, de constater que malgré la fin de son existence légale, le FNDC a réussi à perdurer dans le temps. S’il est moins mobilisateur qu’en 2021, le Front national pour la défense de la Constitution arrive toujours à faire sortir des jeunes dans la rue, comme ce fut le cas hier.