À moins de deux semaines de la présidentielle, au Nigeria, les billets de banque et les carburants manquent. De quoi provoquer des remous avant un scrutin décisif.
Les Nigérians pourront-ils aller voter, le 25 février, malgré les pénuries de billets de banque et de carburant ? Ou, au contraire, cela motivera-t-il les électeurs à faire basculer les résultats du scrutin à venir ? À moins de deux semaines de la présidentielle, dans le pays, on parle en tout cas tout autant de l’élection à venir que des problèmes quotidiens rencontrés par les populations locales.
Ce sont d’abord les stations-service qui avaient été prises d’assaut par les automobilistes. En cause, la pénurie de carburant dans le pays, pourtant premier producteur de pétrole en Afrique. Dépendant des cours du brut, le Nigeria a vu les prix à la pompe flamber depuis un an. Problème : après la hausse des prix, place à la pénurie. Le Nigeria ne raffinant quasiment pas de pétrole, il est obligé d’importer son carburant. Avec des subventions accordées par le gouvernement qui ont de graves conséquences : le gouvernement n’a en effet plus les moyens de régler les industriels qui importent du carburant au Nigeria. De quoi provoquer une pénurie qui agace sérieusement les populations locales.
Et comme si cela ne suffisait pas, c’est une autre pénurie qui a touché les habitants du pays : celle des billets. Fin octobre dernier, la Banque centrale du Nigeria avait annoncé le remplacement de la totalité des nairas en circulation par de nouveaux billets. La date limite avait été fixée au 31 janvier. Mais le remplacement des coupures tarde, provoquant une pénurie de cash qui inquiète.
Des décisions aux lourdes conséquences ?
Car au Nigeria, 40 % de la population n’a pas accès au système bancaire. Le gouvernement voulait, avec cette mesure, réduire l’inflation, le blanchiment et l’emprise du secteur informel. D’anciens billets circulent toujours, mais les commerçants ne veulent plus prendre le risque de les prendre. La Banque centrale, elle, a annoncé qu’elle étendait sa mesure au 10 février. Mais rien n’y a fait : les Nigérians ont rendu leurs anciens nairas et attendent, en vain, les nouveaux billets.
De quoi bousculer la présidentielle. Alors que le président sortant Muhammadu Buhari assurait que sa politique monétaire permettrait, notamment, de mettre fin aux achats de vote, cette décision pourrait finalement se retourner contre lui et son parti, le Congrès des progressistes (APC), qui a investi Bola Tinubu en tant que candidat pour la présidentielle du 25 février.
L’opposition et le pouvoir s’accusent mutuellement de tous les maux. Mais force est de constater que c’est bien le gouvernement en place qui a pris les mauvaises décisions. De quoi provoquer une certaine colère au sein de la population, qui ne supporte plus la crise économique. Les pénuries d’essence, et désormais de billets, sont symptomatiques du mal qui ronge le Nigeria. De quoi donner aux électeurs une raison de voter contre Bola Tinubu ? Premiers éléments de réponse dans deux semaines…