Le ministre russe des Affaires étrangères s’est rendu au Mali. Il voulait consolider les relations entre Moscou et Bamako, mais aussi inciter les Africains à se libérer de l’influence occidentale.
Ce lundi et ce mardi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov était en visite officielle à Bamako, au Mali. Lors des rendez-vous du chef de la diplomatie russe, il a été question du partenariat entre le Mali et la Russie, mais aussi des velléités africaines de Moscou. Officiellement, cette visite a permis de « matérialiser la volonté ferme » des présidents malien et russe « d’impulser une nouvelle dynamique » à leur coopération. Le gouvernement de la Transition veut ainsi, indique le Mali, « élargir et diversifier les partenariats stratégiques ».
Avec un ennemi déclaré : l’Occident. En janvier dernier, en Angola, Lavrov avait déjà fustigé les « tactiques coloniales » des États-Unis et de l’Europe dans le but de faire « pression sur les continents en développement ». Afrique du Sud, Erythrée, Angola ou encore Eswatini… La Russie tente de rallier plusieurs pays africains à sa cause. À Bamako, il a une nouvelle fois évoqué les « approches néocoloniales » de l’Occident.
L’accueil de Lavrov par les autorités de transition du Mali a été fait en grande pompe. Après avoir été décoré, le ministre russe des Affaires étrangères a rencontré Assimi Goïta. Objectif : « Renforcer la coopération entre le Mali et la Fédération de Russie, notamment en renforçant les capacités de défense et de sécurité du Mali, qui aujourd’hui font la fierté des Maliens et donnent des résultats probants sur le terrain ». La Russie veut continuer à apporter « son soutien à la préservation et à la défense de l’unité de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Mali ».
« Le monde a changé »
Là où Moscou profite de la disgrâce de la France, entre autres, c’est en promettant d’écouter les autorités maliennes. « Nos amis maliens ont des demandes précises, elles sont systématiquement satisfaites, a indiqué le chef de la diplomatie russe. L’année dernière et au début de cette année, la coopération dans les domaines militaire et militaro-technique a connu un nouveau développement ». Lavrov assure avoir envoyé « un important lot de matériel aéronautique russe » au Mali qui a permis à ce dernier de « mener à bien des opérations contre les terroristes, qui restent jusqu’à présent actifs sur le territoire malien ».
Pour Diop, l’homologue malien de Lavrov, s’afficher avec les Russes est aussi une volonté de montrer que le président de la Transition veut rester souverain. « Le Mali veut aussi montrer et démontrer que nous n’allons pas continuer à nous justifier pour le choix de nos partenaires. Cette décision est une décision malienne, prise en toute responsabilité. Et le Mali veut travailler avec la Russie », a-t-il indiqué.
Lavrov a conclu sa visite en invitant les anciennes puissance coloniales à en finir avec l’époque où elles « ont saisi et exploité » l’Afrique. Lançant ainsi un message à tout le continent : l’Occident « doit s’habituer au fait que le monde a changé et que la déclaration d’indépendance des pays et peuples coloniaux des années 1960 n’était pas une parodie diplomatique, comme il est maintenant coutume de le voir avec certains accords en Occident, mais que c’était un document approuvé à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies, et qu’il est obligatoire de le remplir ». Une façon de rappeler à tous les pays africains qu’ils sont souverains et donc qu’il leur est permis de nouer des relations avec la Russie.