Les joueurs du Maroc ont finalement refusé de se rendre en Algérie pour disputer le CHAN. La tension est montée d’un cran entre Alger et Rabat.
Tout semblait réglé pour que les Lions de l’Atlas se rendent finalement en Algérie, après le retard pris dans la délivrance de l’autorisation de vol que devait accorder Alger à la Royal Air Maroc. Il n’en est finalement rien et le Maroc a décidé de se retirer du Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN), dont il a remporté les deux dernières éditions.
C’est donc sur le terrain du sport que la crise algéro-marocaine se joue aujourd’hui. Et cela ne s’arrêtera pas là. En effet, après le retrait du Maroc, la Confédération africaine de football (CAF) va devoir statuer. D’un côté, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) va plaider la non-collaboration des autorités marocaines. Mais, à en croire le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Djahid Zefizef, des « décisions importantes » vont être prises par le Bureau exécutif de la CAF. Comprenez des décisions contre le Maroc.
Car si les torts sont partagés, c’est bel et bien la FRMF qui a pris des risques en ne se rendant pas en Algérie. Le règlement du CHAN stipule, dans son article 80, qu’« un forfait déclaré moins de vingt jours avant le début de la compétition finale ou pendant celle-ci, entraînera outre la perte du droit d’entrée, une amende de 150 000 dollars américains ainsi que la suspension de l’association concernée pour les deux éditions suivantes du Championnat d’Afrique des nations, sauf cas de force majeure tel que défini par la commission d’organisation de la CAF ».
C’est donc un débat qui va débuter au sein de la CAF pour savoir s’il y a eu ou non un « cas de force majeure ». Le Maroc va en tout cas insister sur la non-délivrance de l’autorisation de son vol. Fouzi Lekjaa, le patron du football marocain, assure que ses joueurs ont été « privés » de compétition par les autorités algériennes. Mais l’Algérie devrait rappeler au Bureau exécutif de la CAF que cela fait bien longtemps que son espace aérien a été fermé pour les appareils marocains — en septembre 2021 — et que la FRMF aurait pu voler via une compagnie étrangère.
Quelles sanctions ?
Reste que Lekjaa est un homme influent. Le président de la CAF, Patrice Motsepe, doit beaucoup au président de la FRMF et devrait donc plaider la cause du Maroc. Motsepe et Lekjaa seront-ils entendus par les membres du Bureau exécutif ? Réponse dans quelques semaines.
En attendant, c’est un autre fait qui a provoqué la colère de la Fédération royale marocaine de football. La cérémonie d’ouverture du CHAN n’a en effet pas plus à la FRMF, qui a écrit à la CAF pour dénoncer les propos de Zwelivelile Mandla Mandela, petit-fils de Nelson Mandela. Le Sud-Africain a indiqué qu’« une dernière colonie est présente en Afrique : le Sahara Occidental » et déploré « l’oppression » du Maroc sur cette région.
Une sortie politique qui a provoqué l’ire du Maroc, qui a indiqué que ces propos n’avaient « aucun rapport, que ce soit de près ou de loin, avec une compétition sportive ». Si le discours du petit-fils de Madiba peut se comprendre, puisqu’il s’agissait d’inaugurer le stade Mandela, les instances du football refusent de mélanger politique internationale et sport.
Dans une lettre adressée à la CAF, la FRMF demande des « mesures et dispositions » pour sanctionner l’Algérie, ainsi qu’une enquête indépendante « d’urgence ».
Le CHAN, à peine commencé, est donc d’ores et déjà gâché. Car ces prochains jours, il sera difficile de parler football, et entre Alger et Rabat, tout devrait désormais se jouer devant les juridictions de la CAF voire du sport.