Alors que Reporters sans frontières fait le bilan du nombre de journalistes emprisonnés et tués dans le monde, l’ONG alerte sur le cas d’Amadou Vamoulké, enfermé au Cameroun depuis 2016.
Reporters sans frontières vient de livrer son bilan annuel du nombre de journalistes emprisonnés dans le monde. « Le bilan des exactions commises contre les journalistes dans le monde, publié chaque année par Reporters sans frontières (RSF), enregistre en 2022 un record de 533 journalistes en détention. Le nombre de journalistes tués dans le monde, 57, repart à la hausse. En outre, 65 journalistes sont otages et 49 portés disparus », indique RSF.
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, indique que « les régimes dictatoriaux et autoritaires effectuent un remplissage accéléré de leurs prisons en incarcérant des journalistes. Ce nouveau record du nombre de journalistes détenus confirme l’impérieuse et urgente nécessité de résister à ces pouvoirs sans scrupules et d’exercer notre solidarité active avec tous ceux qui portent l’idéal de liberté, d’indépendance et de pluralisme de l’information ».
Parmi les « plus grandes prisons » du monde, on retrouve la Chine, la Biélorussie, l’Iran ou encore le Vietnam et la Birmanie. Malgré ce que l’on peut penser, les journalistes en Afrique sont moins sujets aux arrestations ou au meurtres. En effet, le continent concentre 7 % des journalistes mondiaux tués.
L’acharnement contre Amadou Vamoulké
Mais certains cas en Afrique interpelle. Parmi lesquels celui d’Amadou Vamoulké au Cameroun. Aujourd’hui âgé de 72 ans, l’ancien directeur général de la radiotélévision publique camerounaise (CRTV) est en détention préventive depuis… 2016. Pour RSF, les accusations contre le journaliste ne reposent sur aucune « élément de preuve tangible ».
Le cas de Vamoulké interpelle particulièrement l’ONG, qui s’inquiète de son état de santé. Le Camerounais souffre en effet, indique RSF, « de nombreuses pathologies non soignées ». Et l’ONG de rappeler l’acharnement que le journaliste subit : Amadou Vamoulké « a été conduit 137 fois de sa cellule au tribunal criminel spécial de Yaoundé depuis son arrestation en 2016, dont 57 fois en 2022. Ces audiences à répétition n’ont toujours pas abouti à un jugement ».
Malgré toutes ces audiences, toutes ajournées, les autorités n’ont pas été capables de présenter le moindre témoignage tangible l’accusant de détournement de fonds. En février dernier, RSF avait fait appel aux Nations unies pour demander la libération du journaliste. « Nous demandons à l’ONU d’interpeller l’État camerounais pour le libérer avant qu’il ne soit trop tard ! Ce dernier n’a cessé d’ignorer les appels répétés pour la libération de ce journaliste malgré l’extrême fragilité de son état de santé, son âge, et son incarcération dans un contexte de pandémie mondiale », déplorait le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger.
Le Cameroun occupe la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.