Lors de sa première comparution devant la justice pour son affaire de corruption, l’ancien président Jacob Zuma a demandé le report du procès. Alors que l’Afrique du Sud cautérise encore ses plaies à la suite des émeutes de la semaine dernière, la « défense de Stalingrad » de Zuma tient encore.
Au Tribunal de grande instance de Pietermaritzburg, encerclé par des blindés militaires, c’est uniquement l’image de l’ancien président Jacob Zuma qui est apparue sur un écran. Son avocat, Dali Mpofu, a demandé que le procès pour corruption de l’ancien président sud-africain soit reporté. De son côté, l’accusé et ancien président a gardé le silence. Vêtu d’un costume sombre et d’une cravate rouge, il semblait plutôt à l’aise et confiant.
On se serait attendu à une mine plus grave de l’ex-président. Ou au moins qu’il fasse volte-face. Car après son arrestation — Zuma s’était rendu de lui-même à la police —, les partisans de Zuma se sont lancés dans une série de manifestations qui ont conduit le pays dans une spirale violente. Les pertes matérielles sont impressionnantes. Humaines également : plus de 200 personnes ont été tuées, des centaines d’entreprises ont été détruites et 2 500 personnes ont été arrêtées. Sans oublier, évidemment, que la flamme tribaliste que Zuma a allumée s’est propagée à grande vitesse, provoquant des crimes de haine. C’est donc la réputation entachée que Zuma comparaissait devant la justice.
La « défense de Stalingrad » de Jacob Zuma
Alors que le gouvernement a largement rétabli l’ordre dans les rues du Gauteng et du KwaZulu-Natal (KZN), on craignait que le déplacement de Zuma au tribunal de Pietermaritzburg ne provoque un nouvel épisode d’émeutes. Actuellement, aucune violence n’est à signaler.
Lors de cette première audience devait être abordé le dossier des contrats d’armement français. Jacob Zuma est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin de la part de la société française Thalès en 1998. L’ancien président avait plaidé non coupable aux accusations de corruption, de fraude et de blanchiment d’argent. Il avait ensuite échappé aux poursuites pendant plus d’une décennie, protégé par son immunité de chef d’Etat.
L’avocat de Zuma, Dali Mpofu, a déclaré que Zuma n’avait pas été en mesure de « consulter correctement sa défense juridique » depuis qu’il s’est rendu à la justice le 7 juillet, pour entamer sa peine de prison de 15 mois pour outrage au tribunal. Il a donc demandé un report de l’audience de trois semaines, le temps que la Cour constitutionnelle se prononce sur l’appel de la peine qu’il purge actuellement.
Le procureur a estimé que la demande de report était une « tactique dilatoire ». Il a déclaré : « On est en présence d’une application claire et nette d’une ‘défense de Stalingrad’ ». Il s’agit d’une stratégie légale qui vise à fatiguer la partie adverse avec tous les moyens légaux possibles, allant des demandes d’expertise aux longs plaidoyers, en passant par des demandes de report d’audiences. Avec un objectif : ne jamais laisser le tribunal discuter du fond de l’affaire.
Toutefois, entre temps, Zuma devra comparaitre pour une autre affaire : il est accusé de blanchiment d’argent et de détournement de fonds publics. Un dossier dans lequel les frères Gupta, du groupe indien Bosasa, seront également sur le banc des accusés.