Le président de la Fédération tunisienne de football a demandé à la FIFA d’intervenir dans son conflit qui l’oppose au gouvernement tunisien. Jarii espère que les menaces de la FIFA contre la FTF lui permettront de sortir vainqueur de ce conflit.
Depuis quelques jours, les rumeurs vont bon train après la missive envoyée par la FIFA à la Fédération tunisienne de football (FTF). La menace d’une exclusion de la sélection tunisienne de la prochaine Coupe du monde plane. Et déjà, la presse algérienne voit ses Fennecs prendre la place des Aigles de Carthage. Sauf que dans les faits, une exclusion est quasiment inenvisageable. Explications.
En Tunisie, c’est une lutte de pouvoir qui se joue entre la FTF et le gouvernement. Le tout-puissant Wadii Jarii agit en toute impunité depuis de nombreuses années. Le « docteur Jarii » a de solides appuis au niveau international. Parmi ces derniers, Gianni Infantino. Le patron de la FIFA estimait encore, il y a un mois, à propos de Jarii, que « ce qui a été accompli par la Fédération tunisienne de football est exceptionnel, dans un pays où le football est très important ».
Jarii se sort toujours d’affaire
Pourtant, le docteur est un habitué des polémiques, plus que des réalisations en termes de football. Le nom de Jarii est sorti plusieurs fois dans des affaires : celle des paris suspects relatifs à des matchs de l’US Ben Guerdane, d’où vient le président de la FTF, celle des contrats signés avec l’équipementier Kappa en 2019, l’affaire des contrats signés avec des agences suisses mandatées pour trouver des adversaires à la sélection en 2018 ou encore lorsque Jarii a tout fait pour bloquer la candidature de Tarek Bouchamaoui à la CAF, pour protéger le clan Infantino.
Avec l’Italo-Suisse, les relations ressemblent à des échanges de bons procédés. Et dans la polémique qui entoure l’ingérence supposée du ministère des Sports dans les affaires de la FTF, c’est bien Wadii Jarii qui a demandé aux instances internationales de menacer la Tunisie d’exclusion.
Interrogé par TV5 Monde, la FIFA avoue en effet que c’est la FTF qui a alerté la FIFA sur les propos du ministre tunisien des Sports et qui a demandé l’envoi d’une lettre officielle signée par Kenny Jean-Marie, représentant de la FIFA.
« Jarii joue à son jeu habituel, indique une source proche des instances sportives tunisiennes. La FIFA menace la Tunisie de sanctions et la presse s’emballe en parlant d’exclure les Aigles de Carthage de la Coupe du monde si les dirigeants politiques ne laissent pas Jarii tranquille. Or, c’est totalement faux ». En effet, du côté de la FIFA, si l’on n’exclut pas des sanctions, ces dernières n’interviendront pas dans les semaines à venir. Mais Jarii laisse la rumeur courir, pour ses propres intérêts.
Incroyable que la #FIFA puisse voler encore au secours du président de la fédération tunisienne, le docteur Wadii Jarii en fermant les yeux sur ses pratiques. https://t.co/K8x5vQA9We
— Laurent Pruneta (@PrunetaLaurent) October 28, 2022
Jarii fragilisé par le TAS ?
Une façon donc, pour le patron de la FTF, de pouvoir continuer à agir en toute impunité. Et de mettre au gouvernement tunisien un coup de presse énorme, tout en s’appuyant sur l’opinion publique tunisienne.
Aucun risque. Jarii, le président de la FTF, utilise encore la FIFA pour prendre en tenaille le gouvernement et se donner le bon rôle (regardez, ils veulent s’ingérer au risque de faire perdre la CDM au pays, ce qui n’arrivera pas).
— Romain Molina (@Romain_Molina) October 30, 2022
Une façon aussi de faire oublier le dernier camouflet du « docteur ». Car en Tunisie, s’il reste roi, Jarii a récemment subi une défaite qui pourrait lui coûter cher. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a en effet donné raison au CS Chebba, qui était en conflit ouvert avec Jarii qui ne souhaitait pas que le club retrouve sa place en première division. Dans son litige avec la FTF, le CS Chebba sort vainqueur. Le ministère des Sports avait demandé que le coup d’envoi de la saison 2022-2023 soit retardé, pour que Chebba soit réintégré.