En tournée dans tout le Sénégal, Ousmane Sonko structure son parti et souhaite d’ores et déjà engranger des victoires, à près d’un an et demi de la présidentielle de 2024.
La course contre la montre a, semble-t-il, déjà débuté pour Ousmane Sonko. L’opposant numéro 1 de Macky Sall est déjà, dirait-on, entré en campagne présidentielle. Malgré la désunion d’une opposition, le chef de la coalition Yewwi Askan Wi se voit autant en unificateur qu’en fer de lance en vue de la présidentielle, qui aura lieu dans près d’un an et demi.
Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) sont sur le qui-vive et Ousmane Sonko a décidé de lancer une tournée dans tout le Sénégal pour, officiellement, rencontrer les élus locaux de l’opposition. En conférence de presse, Sonko assure « que les gens ont hâte de nous voir de nouveau sur le terrain ».
Et s’il dit vouloir éviter les « rassemblements » pendant sa tournée, nul doute que l’opposant aimerait à nouveau mesurer sa popularité. Cependant, Sonko est un habitué des coups de force et ses bains de foule sont rarement paisibles. Du côté de M’bour, à l’ouest du pays, son arrivée a d’ailleurs provoqué des premières violences entre policiers et soutiens de l’opposant.
Duel à distance avec Macky Sall
Pendant une dizaine de mois, Sonko voyagera à travers tout le pays. Et forcément, il sera, à chaque déplacement, l’occasion pour l’opposant de s’attaquer à son meilleur ennemi, le président Macky Sall. Déjà, l’opposition a estimé que les premières violences étaient le fait du chef de l’État qui, selon Sonko, souhaite l’«’empêcher de rendre visite aux citoyens sénégalais » et « est un danger pour la démocratie et les libertés individuelles et collectives garanties par notre constitution ».
La stratégie d’Ousmane Sonko est claire : l’opposant veut occuper le terrain. D’un côté, il souhaite mettre fin au suspense concernant un éventuel troisième mandat de Macky Sall. De l’autre, il souhaite s’imposer comme candidat de fait à la présidentielle et ainsi parer à l’éventualité d’une peine inéligibilité, qui pourrait être prononcée contre lui à cause des affaires dans lesquelles il est empêtré.
Et Sonko a mis en place une véritable force de frappe : il a restructuré son entourage en désignant Birame Soulèye Diop vice-président des Pastef, et Bassirou Diomaye Faye secrétaire général. Quant à la communication du candidat, elle sera assurée par El Hadji Malick Ndiaye.
Objectif : transformer l’essai après le succès des législatives. Mais la présidentielle n’aura lieu que dans seize mois. Sonko n’est-il pas parti un peu trop tôt ? Pour un observateur de la vie politique sénégalaise, « préparer l’élection de 2024 est malin, là où, habituellement, les partis foncent tête baissée au dernier moment ». Et le spécialiste d’ajouter que ces désignations « sont un moyen d’organiser les Pastef, où Sonko veut des troupes en ordre de marche ».
Ousmane Sonko pourra compter sur son état-major, mais également sur la base. Et c’est bien là le plus important : en voyageant dans tout le pays, l’opposant veut rassurer les élus locaux, véritables relais d’influence auprès des électeurs. « Les Pastef sont en train de devenir un machine et obligeront ainsi Macky Sall à s’exprimer sur sa volonté de se présenter ou non », assure notre observateur. Car s’il renonce à un troisième mandat, le président de la République aura tout intérêt à présenter un dauphin capable d’enrayer la machine Pastef.