Après de longues discussions entre producteurs et dirigeants, les cacaotiers ghanéens ont obtenu de meilleurs prix de vente des fèves. Mais leur situation reste fragile.
Ce n’est pas l’augmentation espérée, mais les producteurs de cacao ghanéens, au terme d’un intense lobbying, vivront une meilleure saison que l’an dernier. Le Ghana Cocoa Board (Cocobod) avait, indique Africa Intelligence, annoncé qu’il ne reviendrait pas du le prix bord-champs payé aux cacaoculteurs du pays. Or, au Ghana, la crise a pris des proportions inquiétantes : le cedi, la monnaie locale, ne cesse de perdre de la valeur depuis le début de l’année, allant jusqu’à faire fondre comme neige au soleil les réserves de devises et provoquant une inflation.
L’enjeu des discussions entre fédérations de cacaoculteurs et le Cocobod était donc de taille : comment mieux rémunérer les producteurs alors que l’institution en charge du secteur du cacao au Ghana risque de se mettre ainsi en difficulté ? Tout a débuté lundi dernier avec la signature d’un accord de prêt syndiqué de 1,13 milliard de dollars. Pour renflouer ses caisses, l’organisme a fait appel à une vingtaine d’institutions financières. Et il a dû être persuasif, après une saison difficile, lors de laquelle la production de cacao a chuté à 689 000 tonnes. Le plus faible total depuis douze ans.
La Côte d’Ivoire comme modèle
Ces difficultés associées à celles du cedi, qui a perdu plus de 30 % de sa valeur depuis le début de l’année, ont été défavorables au Cocobod qui, en plus, a dû gérer la colère des 800 000 cacaotiers, soutenus par les élus du New Patriotic Party, le parti au pouvoir. D’autant que la Côte d’Ivoire avait, elle, décidé d’augmenter le 30 septembre dernier le prix bord-champs payé aux cacaoculteurs de 9 %, atteignant désormais 900 francs CFA par kilogramme.
Sous pression, le ministre délégué à l’agriculture Frimpong Yaw Addo a donc fini par recevoir le Producer Price Review Committee (PPRC), qui réunit des représentants du Cocobod et de la Ghana Cocoa Coffee Sheanut Association (COCOSHE). L’organe et les fédérations ont finalement trouvé un accord. Africa Intelligence indique que c’est le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Owusu Afriyie Akoto, qui a donc finalement décidé d’augmenter de 21 % le prix du sac de fèves, passé de 660 à 800 cedis pour 64 kilogrammes.
On est encore loin des 1 500 cedis par sac, que réclamaient les producteurs, qui prenaient en compte l’inflation. Mais c’est une première victoire pour eux, alors que le gouvernement ghanéen assurait ne pas vouloir revoir ses tarifs à la hausse.