Le gouvernement français a décidé d’annuler ses sanctions contre Tunis. Paris avait décidé de diviser par deux le nombre de visas octroyés aux ressortissants tunisiens.
Les pays européens, en particulier la France, font appel à des sociétés privées pour gérer les demandes de visas Schengen, rendant parfois difficile l’obtention d’un visa, notamment en Afrique du Nord. Mais en septembre dernier, Paris a rendu ce processus encore plus compliqué en imposant la réduction du nombre de visas octroyés aux Algériens, Marocains et Tunisiens. Paris voulait alors sanctionner l’Afrique du Nord, coupable de ne pas favoriser les retours de leurs ressortissants expulsés par la France.
« C’est une décision drastique, c’est une décision inédite, mais c’est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France », disait alors le gouvernement français qui avait annoncé vouloir diviser par deux le nombre de visas délivrés aux Maghrébins.
Du mieux avec l’Algérie
Depuis, on ne compte plus les refus de demandes de visas en Algérie, en Tunisie ou au Maroc. Fin août, la presse chérifienne relatait l’expérience d’un riche homme d’affaires marocain qui s’était vu refuser un visa car il n’avait, selon la réponse des autorités françaises, « pas les garanties pécuniaires suffisantes » pour séjourner en France. En septembre dernier, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita avait dénoncé une décision « injustifiée » de la part de Paris. Le ministère français de l’Intérieur avait alors rétorqué que ces restrictions concerneraient principalement « les milieux dirigeants, premiers responsables de cette situation ».
Depuis, la France a revu sa position concernant l’Algérie. Après la « déclaration d’Alger pour un Partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie », Emmanuel Macron a promis à Abdelmadjid Tebboune « une approche beaucoup plus souple sur l’immigration choisie, c’est-à-dire les familles de binationaux, mais aussi les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et les politiques qui nourrissent la relation bilatérale ». Le président français assure avoir mandaté son ministre de l’Intérieur pour « avancer dans les prochaines semaines et prochains mois » sur une résolution de ce problème.
Les efforts de Tunis récompensés
Si les négociations bloquent toujours entre Paris et Rabat — elles seront certainement au cœur des discussions lors du voyage d’Emmanuel Macron au Maroc —, entre la Tunisie et la France, cela semble aller mieux. Taoufik Charfeddine et Gérald Darmanin ont, ce mercredi, eu une conversation téléphonique consacrée aux quotas de visas. Dans un communiqué commun des deux ministres, ont apprend un retour à la normale de la délivrance de visas en Tunisie, avec « effet immédiat ».
La Tunisie est le pays du Maghreb qui a essuyé le plus faible taux de refus de délivrance du visa ces derniers mois — 30 %, contre 50 % pour le Maroc et l’Algérie. Pour obtenir la normalisation, Tunis a mis en avant « les grands progrès réalisés » par la Tunisie en matière de coopération, ainsi que la simplification du protocole sanitaire.
Les Tunisiens pourront donc plus facilement se voir attribuer des visas à partir d’aujourd’hui. Reste que malgré cela, il reste très difficile d’obtenir le fameux document officiel. En 2019, les Algériens, les Tunisiens et les Marocains s’était vu attribuer plus de 700 000 visas. Lors du premier semestre 2021, soit avant la décision de la France de diviser les quotas, à peine 31 500 visas avaient été délivrés.