Ce vendredi débute le procès de François Beya, ex-« Monsieur sécurité » de Félix Tshisekedi, le président congolais. L’homme est accusé de complot contre le chef de l’Etat.
Quatre mois après avoir été arrêté, François Beya comparaîtra devant la Haute cour militaire congolaise ce vendredi 3 juin. D’abord entourée d’un certain mystère, l’affaire qui implique l’ancien conseiller sécurité du président Félix Tshisekedi se précise. « Il s’agit d’une affaire relevant de la sûreté de l’État, une matière de ce genre est de la compétence exclusive de l’agence nationale des renseignements ANR. Il n’est pas dans les habitudes de ce service de communiquer sur ces activités toutefois dans l’état actuel des choses on peut affirmer que les enquêteurs disposent d’indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale », avait déclaré, quelques temps après l’arrestation de Beya, Kasongo Mwema, porte-parole du chef de l’Etat congolais.
C’est en effet de « complot contre la vie ou la personne du chef de l’Etat » qu’est accusé François Beya. Selon la presse congolaise, des officiers de l’armée et de la police sont cités à comparaître, tous accusés de complicité. Arrêté le 5 février dernier, François Beya avait été détenu dans les locaux de l’ANR avant d’être transféré le 4 avril à la prison centrale de Makala.
Parmi les reproches faits à François Beya, celui d’avoir créé un « sous-commissariat » non loin de sa ferme de Mitendi, mais également d’être à l’origine d’un centre d’entraînement qui avait pour objectif de former un commando. C’est un véritable casse-tête pour le président Félix Tshisekedi : nombreux sont les voix qui se sont élevées pour dénoncer les conditions de détention de Beya.
La lumière faite sur l’assassinat de Kabila ?
Pour les spécialistes du Congo, cette affaire est avant tout une « guerre de palais ». Or, l’affaire doit également mettre en exergue un autre pan de l’histoire de la RDC : l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Selon les enquêteurs de l’ANR, Beya n’a pas coopéré au moment du procès sur la mort de l’ex-président congolais. En 2003, une trentaine de personnes avaient été condamnées, parmi lesquelles l’ex-directeur de cabinet du patron des renseignements Georges Leta ou le conseiller spécial en matière de sécurité de Kabila, Constantin Nono Lutula.
Selon le document de la Haute cour militaire, consulté par plusieurs médias, les co-accusés sont visés pour des faits s’étalant « de l’année 2020 au 4 février 2022 ». Tous sont accusés de complot. Comme François Beya, plusieurs hautes figures congolaises — le brigadier Tonton Twadi Sekele, le secrétaire particulier de Beya, Guy Vanda, ou encore le colonel David Cikapa — devront répondre aux accusations.
Ce 3 juin, c’est tout un pays qui suivra une affaire très médiatisée, dont les contours restent flous. Le procès, qui démarre demain, devrait apporter des réponses à l’implication de Beya dans ce présumé complot contre Félix Tshisekedi.