Au Mali, ce lundi, le CNT a validé la nouvelle feuille de route d’Assimi Goïta. Le président malien envisage de prolonger le délai de la transition et semble déterminé à ne pas se plier aux exigences de la Cedeao.
A Bamako, la junte militaire n’est pas décidée à faire des quelconques concessions pour faire plaisir à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Rupture des relations diplomatiques, fermeture d’ambassades, suspension des transactions commerciales avec les pays membres, fermeture des frontières terrestres et aériennes… Le 9 janvier dernier, les présidents de la Cedeao avaient décidé de déclarer la guerre au Mali, en imposant de nombreuses sanctions à la junte au pouvoir et, indirectement, au peuple malien.
Réformer avant de quitter le pouvoir
La Cedeao reprochait à Assimi Goïta, qui avait présenté une nouvelle feuille de route décalant les élections de plusieurs années, de vouloir « prendre le peuple malien en otage au cours des cinq prochaines années ». Goïta avait finalement fait un premier pas vers la Cedeao en promettant de ne pas se présenter lors du prochain scrutin présidentiel. Mais le président de la transition refusait de revenir sur les délais proposés et affirmait vouloir entamer des réformes avant de passer la main à un pouvoir civil.
Ce lundi 21 février, le Conseil national de transition (CNT) devait voter un projet de révision de la Charte de transition, déjà votée par les ministres il y a quelques jours. A l’unanimité, ses membres ont décidé d’accepter la prolongation de la durée de transition de six mois à cinq ans.
S’agit-il d’une remise en cause de la transition ? Pas vraiment, les objectifs restant inchangés. Mais la durée de cette transition est sans aucun doute le point le plus épineux pour la communauté internationale, qui estimait que des élections générales devaient être organisées le 27 février prochain au maximum. Or, il s’avère impossible de tenir ces délais.
Des élections en 2027 ?
Le délai pour organiser des scrutins au Mali pourra être étiré de six mois à cinq ans. Le CNT indique par ailleurs que « la transition prend fin après l’élection présidentielle organisée par les autorités de la transition », soit au plus tard en 2027. Goïta et les dirigeants du CNT assurent que la décision a été prise lors des Assises nationales de la refondation de décembre dernier.
Reste désormais à savoir comment réagiront les Etats membres de la Cedeao. Nul doute que l’instance ne lèvera pas de sitôt les sanctions imposées au Mali. En attendant, Bamako a décidé de déposer deux recours devant la Cour de Justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) concernant ces sanctions, et demande « l’annulation des décisions » prises par l’instance ouest-africaine. Bamako déplore les « effets gravement préjudiciables à l’État du Mali, aux populations maliennes et africaines vivant au Mali ».
Ces recours ont-ils une chance d’aboutir ? Rien n’est moins sûr. Mais Assimi Goïta et le CNT semblent déterminés à ne pas céder face aux pressions des autres Etats ouest-africains. Ni même à quelques opposants politiques qui ont décidé, en mars prochain, de ne plus reconnaître le CNT.
Les membres de la transition, eux, assurent que les négociations avec la Cedeao n’en sont qu’à leurs balbutiements. Pour Adama Ben Diarra, membre du CNT, « la prolongation de six mois à cinq ans est un début de discussion. Les organisations sous-régionales et internationales échangent avec les autorités maliennes et nous espérons qu’ils tomberont d’accord sur la durée de la transition ».
Permettre au Mali de retrouver sa souveraineté
L’attitude d’Assimi Goïta semble être à l’avantage du Mali : le président montre qu’il ne cèdera pas au chantage et qu’il compte aller au bout de ses réformes, pour le bien du peuple malien. Des réformes qui ont déjà été décrites dans le projet de texte voté ce lundi : le Mali va « réduire le train de vie de l’État » et permettre aux ministres de la Défense et de la Sécurité de « recouvrer la plénitude de leurs attributions traditionnelles ». Autrement dit, il s’agit de faire des économies et de permettre au Mali de retrouver sa souveraineté la plus totale.
Et si la communauté internationale perd pied dans le dossier malien, du côté national, il y a une véritable volonté de dialogue. Le CNT va en effet probablement s’élargir aux représentants religieux, de la société civile et du milieu rural, assure le Conseil. 26 nouveaux membres sont en effet prévus, en vue d’intégrer le CNT.