La tension est palpable entre le Mali et les puissances étrangères présentes sur son territoire. C’est aujourd’hui au tour de l’Allemagne de remettre en question sa présence militaire dans le pays ouest-africain.
Dimanche dernier, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré être « très sceptique » quant au maintien de ses troupes au Mali. « Je n’ai plus l’impression que nous sommes les bienvenus », a simplement lâché Lambrecht. Sa collègue, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, estime que la présence allemande au Mali, dans le cadre de la Minusma, « n’est pas souhaitée » par Bamako.
L’Allemagne dispose de 1 200 soldats déployés au Mali dans le cadre de la Minusma. Après le renvoi, par Bamako, de l’ambassadeur français au Mali, précédé par la demande de retrait immédiat des forces danoises et l’interdiction de survol des transporteurs militaires français, l’Allemagne va-t-elle à son tour prendre la poudre d’escampette ?
Difficile à dire, car si les Français, les Danois ou encore les Suédois étaient présents au Mali sous la bannière de l’opération Barkhane, puis Takuba, la Bundeswehr, qui hésite encore à rejoindre Takuba, est présente dans le cadre de la mission onusienne, la Minusma.
La mission patine depuis l’imposition des restrictions aériennes par Bamako. Selon le gouvernement allemand, les « relations plus délicates » entre la France et le Mali « rendent également le travail plus difficile pour l’Allemagne ».
Christine Lambrecht told ZDF that she did not have the impression they were welcome any longer. France and the wider EU have been v critical of the military rulers in Mali after they reneged on an agreement to hold elections this month.
— will ross (@willintune) February 6, 2022
Une solution africaine pour l’ONU ?
Alors, certes, les relations entre le Mali et l’Union européenne (UE), où la France et l’Allemagne se partagent une grande partie de l’influence, sont sûrement au plus bas actuellement. Mais le départ de 1 200 Casques bleus du Mali est-il envisageable pour Bamako ?
Du côté du commandement de la mission, assuré par le général néerlandais Cornelis Matthijssen, l’heure est plutôt au renforcement de la présence onusienne. Surtout au Kidal, où le départ des troupes françaises de Barkhane a créé une faille sécuritaire. La Minusma a d’ailleurs, en dépit des restrictions de vol maliennes, fait appel à l’armurier américain MAG Aerospace pour un achat de drones, dans le cadre d’un programme de trois ans.
Mais que ferait donc la Minusma dans le cas d’un retrait des forces allemandes ? Eh bien, dans d’autres pays africains, menacés par la guerre civile ou le terrorisme – Somalie, RDC ou encore le Burkina Faso –, la majorité des soldats sont africains, des ressortissants sénégalais et tchadiens pour la plupart.
Mais l’ONU ou encore Bamako entretiendraient-ils l’idée d’une « africanisation » de la Minusma ? En tout cas cela irait à l’encontre des plans français pour le Mali, à savoir le renfort de Takuba par des troupes 100% européennes.
Sur un autre plan, la montée des tensions entre l’Occident et la Russie sur les frontières ukrainiennes semblent prioritaires pour l’Allemagne. Lors de la rencontre, ce lundi, du président américain Joe Biden et du chancelier allemand Olaf Scholz, ce dernier a déclaré être prêt à envoyer des troupes supplémentaires en Lituanie. S’agit-il donc, pour Berlin, d’une simple réaffectation de troupes ?
I welcomed Chancellor Olaf Scholz of Germany today for his first visit to the White House. We discussed our diplomatic and deterrence response to Russia’s military build-up on Ukraine’s borders, and our shared commitment to working closely together to address common challenges. pic.twitter.com/Uu1ex9J1B6
— President Biden (@POTUS) February 8, 2022