Alors que les Etats-Unis lèvent les restrictions de voyage ayant visé huit pays d’Afrique australe en raison du variant Omicron, l’Europe se montre encore exigeante. Pourtant, les pays européens sont les pays les plus touchés.
Et si l’Europe subissait ce que les pays d’Afrique australe — surtout l’Afrique du Sud — avaient subi lors des semaines précédentes ? Aujourd’hui encore, les médias du monde entier appellent Omicron, le variant du coronavirus, « le nouveau variant sud-africain ». Une qualification qui n’est finalement pas justifiée. Ni la science, ni les faits ne sauraient en effet expliquer pourquoi Omicron est qualifié de sud-africain.
Les Etats-Unis seront les premiers à s’excuser pour cette campagne médiatique qui a eu de terribles conséquences. Après avoir provoqué l’isolement de l’Afrique pendant des semaines, les mesures internationales menacent désormais de terrasser la reprise économique de plusieurs pays africains.
Les huit pays d’Afrique australe dont les ressortissants ou les personnes ayant séjourné dans leurs frontières verront les restrictions de voyage levées par les Etats-Unis.
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Pour l’immunologue américain, conseiller en santé de Joe Biden et souvent surnommé « Mr Covid », Anthony Fauci, l’Afrique du Sud a été « trainée dans la boue pour rien ». Les restrictions de voyage n’étaient pas « destinées à empêcher Omicron d’entrer », affirme le spécialiste. « Nous savions que nous ne pouvions pas faire cela. Nous gagnions du temps pour comprendre et analyser le variant ».
Le porte-parole de la Maison Blanche, Kevin Munoz, estime que les restrictions contre les pays africains « n’ont aucune raison de se poursuivre. Surtout si nous continuons à recevoir les ressortissants de pays avec des statistiques d’infection bien plus élevées ».
Israel 🇮🇱 head of public health services at Health Ministry: “In South Africa 🇿🇦 900 people died in one and a half month due to Omicron.”
That is a lie. The real number is zero, according to South African Medical Association.
They are outright lying to incite panic 🤯
— Dr. Eli David (@DrEliDavid) December 21, 2021
Les Etats-Unis remercient l’Afrique du Sud
Munoz fait référence aux pays européens qui, malgré une hausse de la vaccination, subissent aujourd’hui de plein fouet la nouvelle vague infectieuse. Notamment la France, qui comptabilise 50 000 infections par jour, comme pour son voisin italien. La Belgique, elle, est le pays qui enregistre le plus de cas d’Omicron relativement à sa population.
Pourtant, non seulement l’Europe a été la plus prompte à se refermer sur elle-même, mais ses médias ont aussi été les plus actifs pour demander un nouvel apartheid sanitaire contre les pays africains.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken estime de son côté que « c’est surtout grâce aux analyses, à la détection rapide et aux appels à la vigilance sud-africains que nous en savons aujourd’hui autant sur le variant Omicron ». « Nous remercions les autorités sanitaires sud-africaines, qui ont montré une grande résilience face à cette menace », concluait, ce vendredi, Antony Blinken lors d’une conférence de presse.
Enfin, l’administration américaine assurent que « les vaccins et les rappels existants sont très efficaces » et que, par conséquent, « un vaccin spécifique à Omicron ne sera pas nécessaire », selon Anthony Fauci.
Les données sud-africaines sur Omicron ont montré, aussi, que la variante est à 70 % moins grave que Delta, et les personnes touchées sont à 80 % moins susceptibles d’être admises à l’hôpital que celles touchées par d’autres variants du Coronavirus.
BREAKING: South Africa, the spiritual home of Omicron just announced:
▶️ contact tracing stopped in virtually all circumstances
▶️ no quarantine for close contacts
▶️ testing not required unless symptomatic pic.twitter.com/7P3HlaCmtm— Adam Schwab (@lux_schwab) December 24, 2021
Des découvertes encourageantes
Ce jeudi, les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) ont exhorté le monde entier à ne pas « extrapoler à tous les pays » les découvertes encourageantes de l’Afrique du Sud.
« Nous devons interpréter les données d’Afrique du Sud avec beaucoup de prudence », estime John Nkengasong. Il assure que des facteurs, tels que le jeune âge médian de la population sud-africaine, pourraient jouer un rôle dans ce qui a été observé dans le pays. Et que des taux de vaccination différents entre les pays pouvaient également conduire à des résultats différents. En Afrique du Sud, la vaccination n’a toujours pas dépassé les 26 % de la population totale.
Des études britanniques et américaines montrent également le même résultat quant au danger potentiel du nouveau variant. John Nkengasong s’accroche cependant à une autre théorie. « Il est très clair que le variant Omicron remet en cause tous les vaccins », assure le virologue camerounais, décoré en tant que « héros africain des temps modernes » pour « son rôle dans la réponse du continent à la pandémie ».
De quoi se demander si les mesures abusives, qui ont provoqué l’abandon de l’Afrique par la communauté internationale au nom de la Covid-19, ne seraient pas également du fait des Africains eux-mêmes. Par exemple, au lendemain de la levée des restrictions américaines sur les voyages, le Maroc, lui, a prolongé l’interdiction des vols vers son territoire d’un mois supplémentaire.
Africa CDC Weekly COVID-19 Briefing | December 23, 2021 https://t.co/IvTeQWkkkQ
— Africa CDC (@AfricaCDC) December 23, 2021