Abou Mosab al-Barnaoui, prétendu chef du groupe terroriste Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) et fils du fondateur de Boko Haram, est mort, selon l’état-major nigérian.
« J’ai l’autorité de vous confirmer qu’Abou Mosab al-Barnaoui est mort », a déclaré hier, jeudi 14 octobre, lors d’une conférence de presse, le chef d’état-major nigérian, Lucky Irabor. Cette annonce intervient quatre mois après la mort du rival d’al-Barnaoui, Abubakar Shekau. Aucun détail sur les circonstances de la mort d’al-Barnaoui n’a été fourni par Irabor. Et pas sûr que nous aurons, un jour, plus d’informations à ce sujet.
Destitué depuis 2019 du commandement de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO), al-Barnaoui avait été vu pour la dernière fois en Arabie saoudite en 2020. Après la mort de Shekau, dans un enregistrement vocal publié par l’Associated Press, al-Barnaoui se disait heureux de la « fin de Boko Haram ». Les analystes affirment qu’al-Barnaoui avait réintégré l’EIAO, ces derniers mois, afin d’y attirer les lieutenants de Shekau. La montée des violences autour du lac Tchad, particulièrement dans le nord camerounais, dans le nord du Nigéria et dans l’est du Niger, semblait confirmer le retour d’al-Barnaoui aux affaires.
Seulement voilà, officiellement, le chef de l’Etat islamique, Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurashi, n’était pas revenu sur la nomination, en 2019, d’Abou Abdallah Idrisa à la tête de l’EIAO. La nouvelle de la mort d’al-Barnaoui ne devrait donc pas modifier outre-mesure la chaîne de commandement du groupe terroriste.
Conséquences de la « grande scission »
Depuis plusieurs années, le groupe terroriste Boko Haram sème la désolation dans le nord du Nigéria et sur les rives du lac Tchad. Toutefois, à sa formation, en 2002, le groupe terroriste n’était rien de plus qu’un groupe rebelle à l’idéologie extrémiste, mais dont la violence n’était pas au même niveau qu’aujourd’hui.
C’est au début de l’exode des groupes terroristes libyens, en 2014, que les problèmes ont commencé : al-Barnaoui, voulant s’affirmer comme l’héritier de son père, avait choisi de prêter allégeance au chef de l’Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi. Ce dernier y vit une porte d’entrée en Afrique de l’Ouest. Abubakar Shekau, lui, suivait une idéologie plus violente, et son pouvoir sur les lieutenants du fondateur du groupe, Mohamed Yusuf, le père d’al-Barnaoui, était indéniable.
Depuis 2015, Shekau est resté seul maître à la tête de Boko Haram. Et al-Barnaoui, incapable de reprendre les territoires conquis par son père à Shekau, aurait alors été remplacé en 2019. Avec la mort de l’héritier de Mohamed Yusuf, précédée par celle de son successeur de fait, les deux factions de Boko Haram, dont une qui représente tous les groupes affiliés à l’EIAO, sont entre les mains du même homme. Abou Abdallah Idrisa est, aujourd’hui, le numéro 1 de l’Etat islamique en Afrique, encore plus depuis la mort d’Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Quelles sont les conséquences d’une telle nouvelle ? Le réel danger se situe aujourd’hui du côté de la forêt de Sambisa, dans le nord nigérian. Selon le déroulement des événements, l’EIAO pourrait y lancer une nouvelle vague d’attentats… ou s’effriter, provoquant ainsi une violence plus désorganisée encore. Quoi qu’il en soit, l’heure est à l’action pour les forces antiterroristes présentes le long de la frontière entre le Niger et le Nigéria, et autour du lac Tchad.