Candidat à la présidence de la Fecafoot, Samuel Eto’o a adopté un discours offensif. Mais l’ex-footballeur sait que ses chances d’être élu sont minces.
Le 22 septembre dernier, Samuel Eto’o annonçait sa candidature pour la présidence de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). L’ancienne star du Barça affirmait alors vouloir « lancer le chantier de la reconstruction de notre football », et redisait son « amour du Cameroun ». Affirmant être « déçu » du mandat de Seidou Mbombo Njoya, l’actuel président de la Fecafoot, Eto’o espère, en décembre prochain, devenir son successeur.
S’il bénéficie d’une certaine aura dans le milieu du ballon rond, c’est cependant une véritable partie d’échecs qui s’annonce. Entre politique et alliances contre-nature, la Fecafoot est un sac de nœuds, que Samuel Eto’o aura bien du mal à démêler. Malgré son palmarès, le Lion indomptable fait aujourd’hui figure d’outsider, Seidou Mbombo Njoya se préparant à une victoire nette et sans bavure.
Eto’o a pourtant mis toutes les chances de son côté : il a notamment publié une photo de sa rencontre avec son « frère », le président de la FIFA Gianni Infantino. Le 6 octobre dernier, l’ex-footballeur a été reçu en Suisse par le patron de la fédération internationale. Nul doute que l’ancien Lion indomptable tente de s’assurer le soutien de l’Italo-Suisse. Mais au Cameroun, cela semble plus compliqué pour Eto’o…
Samuel Eto’o dénonce des irrégularités
Quelques jours plus tôt, alors que débutaient les élections départementales de la Fecafoot, Samuel Eto’o avait adressé une lettre au patron des Sports du Cameroun. Il dénonçait alors des « falsifications aggravées » et « des menaces proférées à certains présidents et promoteurs des clubs », sans oublier un « conflit d’intérêt du président par intérim et de plusieurs membres du comité exécutif intérimaire de la Fecafoot, qui sont à la fois juges et parties en étant candidats à des postes d’élus à ces élections ».
S’il est novice en la matière, Samuel Eto’o semble avoir pris la mesure politique du scrutin présidentiel qui l’attend en décembre prochain. Le Camerounais a-t-il suivi avec attention le fiasco de la candidature de Didier Drogba en Côte d’Ivoire ? La commission électorale de la fédération ivoirienne de football (FIF) avait en effet rejeté la candidature de l’ancien attaquant de Chelsea, lui reprochant « plusieurs manquements aux conditions d’éligibilité ».
Samuel Eto’o sait qu’il risque d’être l’objet d’un cabale similaire. Car sa popularité fait peur à la présidence actuellement en place. D’ores et déjà, Eto’o affirme que le scrutin sera « une mascarade électorale fomentée par l’exécutif intérimaire actuel dans l’unique but de se maintenir aux affaires ». Et là où Drogba, en Côte d’Ivoire, avait avancé des ambitions sportives — avec la promesse de remporter une Coupe du monde —, Samuel Eto’o, lui, préfère miser sur le politique : « Je viens dans l’administration du football camerounais pour attirer les financements extérieurs et non pour amenuiser par des charges inutiles, des recettes déjà très chétives », écrit-il.
Vers une interdiction d’être candidat ?
Samuel Eto’o peut compter sur une crise qui, depuis plusieurs mois, agite la Fecafoot. Elu en 2018, Seidou Mbombo Njoya a été contesté par plusieurs dirigeants du football camerounais. Le scrutin avait finalement été annulée par le Tribunal arbitral du sport (TAS), mais il est cependant resté en place. Jusqu’au 11 décembre prochain, c’est donc bien Seidou Mbombo Njoya qui préside la Fecafoot.
Samuel Eto’o compte lui ravir la place. Mais il sait que ses chances sont minces, voire nulles. La faute notamment à des relations compliquées entre l’ancienne star des Lions indomptables et la présidence de la République. Des sources proches du palais présidentiel assurent que Paul Biya, qui a une véritable influence sur l’élection du président de la Fecafoot, n’est pas un partisan de Samuel Eto’o.
Pour éviter d’en arriver à une situation inextricable, et pour éviter toute surprise, les instances dirigeantes de la Fecafoot cherchent toujours un moyen d’écarter Samuel Eto’o de la course à la présidence, comme la FIF l’avait fait pour Didier Drogba quelques mois plus tôt. Et cela pourrait passer par un nouveau texte qui évincerait les binationaux de la course à la présidence. Samuel Eto’o, qui dispose d’un passeport espagnol depuis 2007, serait alors obligé de faire un croix sur ses ambitions. Pour le plus grand plaisir de Seidou Mbombo Njoya.